A Madrid, l’extrême droite européenne s’inscrit dans les pas de Donald Trump

OP
55

55PointsAntoine

il y a un mois

Le slogan choisi, « Make Europe Great Again » (Rendons sa grandeur à l'Europe), faisait directement référence au « Make America Great Again » (MAGA) de Donald Trump. Et l'ombre de la victoire du républicain a plané sur l'événement. Tous les dirigeants présents ne partagent pas la même admiration envers le président américain que celle manifestée par le leader du parti d'extrême droite espagnol Vox, Santiago Abascal, en le définissant comme un « compagnon d'armes dans la bataille pour le bien, pour la vérité, le bon sens et la liberté », ou par le vice-président du conseil italien, Matteo Salvini (La Ligue), pour qui « Trump a montré que la révolution du bon sens est possible ». Tous ont pourtant célébré sa victoire comme le signe d'un changement planétaire qui leur est favorable.

« A un moment, il faut voir ce qui se passe dans le monde aujourd'hui : Milei, Trump, Orban, Meloni, notre parti allié autrichien est en tête, nous sommes en tête, nos amis flamands sont en tête. Il faut analyser cela et je crois que c'est une forme de renaissance à laquelle on assiste », a déclaré Marine Le Pen, quelques minutes avant le grand meeting auquel ont assisté près de 2 000 personnes. Sur scène, la fondatrice du RN a appelé à ce que « le bouleversement mondial » que suppose la victoire de Trump « sonne le réveil du Vieux Continent ». « Ce défi de puissance est une exhortation à une existence dans le monde qui vient, dans l'histoire qui s'écrit », a-t-elle conclu.

Tour à tour, les interventions des leaders populistes ont confirmé la même conviction non seulement d'être dans le vrai, mais de s'inscrire dans le sens de l'histoire. « La tornade Trump a changé le monde en deux semaines. Hier, nous étions les hérétiques ; aujourd'hui, nous sommes mainstream. Les gens pensaient que nous représentions le passé, aujourd'hui, tous voient que nous sommes le futur », a lancé Viktor Orban, triomphaliste, après avoir défini la Hongrie qu'il dirige depuis quinze ans comme « un laboratoire des politiques conservatrices », se vantant d'avoir fait de « l'immigration illégale un délit », d'avoir interdit « la propagande de genre » dans les écoles, fait inscrire dans la Constitution « qu'un père est un homme et une mère est une femme » ou que « tous les pouvoirs de l'Etat doivent défendre la culture chrétienne ».

Discours décomplexés et xénophobes

Bien qu'ils se considèrent comme des forces d'avenir, c'est encore dans le passé que beaucoup sont allés chercher leurs références. Viktor Orban n'a pas hésité à remercier Santiago Abascal pour le soutien de l'Espagne à la Hongrie « contre le communisme et l'Union soviétique », en 1956, revendiquant en filigrane les bontés de la dictature de Franco et provoquant les ovations des sympathisants et militants de Vox présents dans la salle, qui ont visiblement apprécié la référence.

Lors d'un discours ouvertement xénophobe associant « crime » et « immigration islamique », s'élevant contre le « multiculturalisme » et « la démence woke », le Néerlandais Geert Wilders, dont le Parti pour la liberté est arrivé en tête des élections législatives de novembre 2024, a, quant à lui, fait référence à la Reconquista [la reconquête par les rois catholiques de la péninsule ibérique conquise au Moyen Age par les musulmans], saluant les « vaillants chevaliers espagnols » qui « furent les premiers à faire reculer l'islam et restaurer le riche héritage du christianisme dans leur pays ». D'autres ont aussi fait référence à la Reconquista, mot d'ordre brandi par Matteo Salvini comme par Marine Le Pen. « Nous aimons beaucoup, nous les Espagnols, que l'on nous connaisse pour cette geste extraordinaire de nos ancêtres, pour avoir été le mur de l'Europe face à l'avancée de l'islamisme. Nous sommes disposés à l'être de nouveau », a rétorqué M. Abascal, sur scène. (…)

https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/09/a-madrid-l-extreme-droite-europeenne-s-inscrit-dans-les-pas-de-donald-trump_6538174_3210.html