Un document d'identité abandonné, découvert par un patrouilleur lors des battues dans le bois des Templiers (Essonne) visant à rechercher l'arme du crime. Voilà l'indice principal qui relie le suspect de 23 ans, interpellé ce lundi après-midi, à l'enquête très délicate sur le meurtre de la jeune Louise, 11 ans, dont le corps a été retrouvé à une centaine de mètres de son domicile familial vendredi dans cette même forêt.
Entendu dans les locaux de la police judiciaire de Versailles (Yvelines) pour « meurtre sur mineure de 15 ans », ce jeune homme fait office de suspect de numéro 1. Mais les enquêteurs restent encore extrêmement prudents sur son éventuelle implication, en l'attente d'autres éléments incriminants.
Les déplacements du suspect passés au crible via son téléphone
Selon des sources proches de l'enquête, le suspect présente le profil d'un jeune homme quelque peu « marginal », « en voie de devenir SDF », « un traînard de la Seine-Maritime ayant l'habitude d'errer dans le département de l'Essonne ». De nationalité française, connu pour des délits mineurs, il a été interpellé par la PJ alors qu'il rentrait au domicile de sa mère, à Rouen (Seine-Maritime), placé sous surveillance depuis dimanche.
Cette dernière, une femme de 55 ans, a également été placée en garde à vue pour « non-dénonciation de crime ». Une mesure classique de police visant à pouvoir l'interroger, sous un régime coercitif, sur sa possible connaissance d'un crime commis par son fils. Le jeune homme a-t-il pu égarer son document d'identité dans le bois après avoir commis le meurtre ? Cette perte est-elle intervenue à un autre moment ? S'est-il fait voler ce document ? Mystère. Des investigations sur les déplacements du téléphone du suspect sont en cours afin de vérifier sa présence dans le bois le jour de l'homicide.
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Seule certitude : sa description physique et son âge pourraient correspondre à ceux de la silhouette suspecte captée par la caméra postée à l'entrée de Longjumeau (Essonne). L'exploitation des images le jour du meurtre de Louise s'est révélée particulièrement intéressante. Ce vendredi 7 février 2025, il n'est pas encore 14 heures lorsque l'on aperçoit l'adolescente, porteuse d'un sac à dos, d'un bonnet et d'un manteau, quitter le collège André-Maurois, où elle est scolarisée en 6e.
Elle chemine sur son trajet habituel, remontant la route de Corbeil avant de bifurquer à gauche, dans le petit lotissement où elle habite, à Longjumeau. Il ne lui reste que quelques dizaines de mètres à parcourir au moment où elle traverse sur le passage de la rue Lavoisier. Or, à ce moment-là, un jeune homme apparaît également devant la caméra. Âgé d'une vingtaine d'années, il porte une doudoune noire avec un logo blanc sur la poitrine et a remonté sa capuche sur une casquette. Les traits de son visage sont distinctifs. « On le voit regarder tout autour de lui, comme prudent », confie une source proche du dossier. Comme s'il suivait la collégienne…

Que se passe-t-il ensuite ? Les images ne le montrent pas. Louise n'atteindra jamais à son domicile. Mais un témoignage éclairant est parvenu aux enquêteurs. Une amie de Louise, habitant dans le quartier, a affirmé avoir vu la collégienne se diriger vers le bois des Templiers, donc dépasser son domicile, en compagnie « d'un homme en doudoune noire ». Elle ne semble pas être entravée physiquement.
Mais dans l'hypothèse où cette déposition se vérifie, rien ne dit que Louise connaissait son agresseur. Ce dernier a pu la menacer verbalement ou user d'un stratagème pour contraindre la jeune fille à l'accompagner vers la forêt. La suite des événements est tout autant mystérieuse. Ne voyant pas Louise revenir, ses parents signalent sa disparition à la police. Et c'est au cours de recherches, à l'aide d'un drone, que le corps sans vie de la collégienne est découvert dans le bois des Templiers vers 2 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi.
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L'autopsie a révélé que Louise a succombé d'une mort violente, à l'aide d'un objet piquant et tranchant dont la nature n'a pu être déterminée à ce stade, et qui n'a pas été retrouvé. Plus d'une dizaine de blessures ont été relevées par le légiste, notamment au cou et sur le torse. Les premières analyses médicales n'ont pas permis non plus d'esquisser un mobile : aucune trace de violences sexuelles n'a été mise en évidence et l'adolescente n'a pas été dévêtue.
Des analyses ADN sont en cours
De même, le téléphone de Louise a été découvert à côté de son corps, ce qui semble exclure le mobile crapuleux. Reste alors la piste d'un acte « gratuit », commis par opportunité par un tueur sadique et/ou présentant des troubles psychiatriques. Raison pour laquelle le profil de marginal du suspect de 23 ans interpellé ce lundi intéresse les enquêteurs. D'autant que la photographie du suspect exhumé du Traitement des antécédents judiciaires (TAJ), un fichier policier, présente des traits comparables au visage de l'homme en doudoune sombre. En plus de la téléphonie, des analyses ADN sont en cours sur les vêtements de Louise et sous ses ongles afin de déceler une hypothétique trace génétique du suspect.
La prudence est donc de mise dans l'attente de ces investigations complémentaires. Un premier suspect âgé d'une vingtaine d'années, habitant dans le secteur de Longjumeau, avait déjà été placé en garde à vue vendredi. Présenté comme pouvant correspondre à la silhouette de l'homme en doudoune, il a depuis été mis hors de cause : il jouait à la PlayStation en ligne au moment du meurtre de Louise. Depuis trois jours, l'affaire de Longjumeau suscite une vive émotion dans la classe politique. « C'est un crime abominable », a ainsi réagi le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.