Une inflation en France revenue largement sous la normale
Jusqu'en 2021, l'inflation semblait appartenir au passé après trois décennies de modération des hausses de prix. Mais comme souvent, l'histoire économique abonde de ruptures brutales de tendances historiques. Il est donc important de garder toujours ces risques en mémoire, et d'essayer de les anticiper.

Ainsi, après deux années de déclin et après l'atonie de 2020 due à la crise du Covid, l'inflation a redémarré en France au début de 2021, en raison des difficultés d'approvisionnement dans cette période toujours marquée par la pandémie, avec une demande qui repartait à la hausse, mais avec une offre qui restait toujours faible : elle approchait déjà les 4 % en décembre 2021. La guerre d'Ukraine a ensuite entraîné un choc sur les importations, qui a porté l'inflation à des niveaux inconnus depuis 40 ans, avec un pic de 7 % atteint en février 2023. L'inflation a fortement diminué depuis, retrouvant des niveaux normaux (2 %) fin 2024, et des niveaux anormalement faibles de moins de 1 % début 2025. Un niveau aussi faible correspond probablement à un début de crise économique, qui se matérialise aussi au niveau de l'emploi, comme on l'a vu dans notre récent article sur le chômage en France.

Précisons un point important, souvent mal présenté. Un « inflation qui diminue », cela signifie que « la vitesse d'augmentation des prix diminue » : cela signifie que les prix continuent à augmenter, mais simplement moins fortement qu'avant ; ils ne baissent pas pour retrouver leur niveau antérieur. Les prix ne baissent que quand le taux d'inflation est négatif ; cela s'appelle alors une déflation, et ce n'est généralement pas une bonne nouvelle du tout, contrairement à ce que l'on pourrait croire. En effet, si le prix de demain est plus faible que celui d'aujourd'hui, tout le monde préfère alors différer sa consommation, ce qui fait rapidement dérailler l'économie.

L'analyse mensuelle montre que certains mois connaissent des déflations, comme en septembre 2024, avec une baisse historique des prix de -1,3 % en un mois, ce qui n'était pas arrivé depuis 1996.