https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-occitanie/apres-la-fermeture-du-buffet-d-albi-les-six-salaries-sans-papier-soulages-1540174

L'enquête autour des pratiques du restaurant buffet Saveurs Gourmandes (renommé depuis l'Atlantique) à Albi a révélé un vaste trafic d'êtres humains. Après des mois d'investigations, les dirigeants de l'établissement ont été mis en examen et placés en détention provisoire.

Cette affaire commence en octobre 2023 quand le restaurant Saveurs Gourmandes ouvre à Albi. Un buffet immense, un des plus grands d'Occitanie, prêt à servir 1000 couverts par jour. L'endroit attire beaucoup de monde, les clients y sont très bien reçus avec de nombreux serveurs. Mais ça c'est le côté face.

Côté pile, un contrôle des fraudes (CODAF) révèle bien autre chose en avril. Des salariés sans papiers, logés à l'étage de l'établissement dans des box de 5 m2 sans sanitaires et travaillant jour et nuit. En décembre, l'affaire prend un nouveau tournant. Le restaurant est toujours ouvert, il a changé de nom, mais six salariés arrêtés au moment du contrôle sont condamnés pour usage de faux papiers. Et la CGT, et notamment Laure Malleviale, la secrétaire les soutient alors : " Certains ont pleuré parce qu'ils pensaient qu'ils allaient aller en prison. En disant, ce n'est pas juste parce que le restaurant est toujours ouvert, les clients continuent d'y aller et nous, on a été maltraité et c'est nous qui sommes condamnés."

Quatre mises en examen
Mais pendant ce temps-là, les enquêteurs travaillaient, des investigations nationales, notamment avec les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le travail illégal. Cette enquête aboutit donc à la mise en examen de quatre personnes, un soulagement pour Ba, un des travailleurs sans papiers : "Le restaurant est fermé, et franchement on est contents. Ils savaient que nous n'avions pas de papiers"

Ba et son ami Raossou gardent des souvenirs vraiment difficiles de cette période. " C'était très dur, on était dans des sortes de cases sans fenêtre, sans aération, sans porte." dit le premier. Le second ajoute "Le patron nous prélevait de l'argent pour la nourriture sans que nous le sachions et nous n'avions que les restes des clients. On était sur des matelas sans couverture. Et je suis arrivé là-bas le 19 décembre."

CAP de couvreur
Tous les deux essaient maintenant de rebondir. Ils passent un CAP de couvreur en deux ans à Rodez. Ils savent aussi que si les dirigeants du restaurant sont condamnés pour traite d'êtres humains, ils seront régularisés. Une chance formidable : "Quand on est reconnu comme victime, on doit être régularisé. C'est ce que nous souhaitons maintenant. Envisager une nouvelle vie du fait qu'ils sont arrêtés."

Et si aujourd'hui le parquet d'Albi se félicite du travail de qualité des quatre services d'enquête qui ont été mobilisés, la CGT rappelle qu'au départ, la procureur était sceptique. "C'était tout au plus du travail illégal, du travail dissimulé. Mais à la CGT on accompagne régulièrement des travailleurs sans papiers, et quand on parlaient de traite d'êtres humains, on ne le faisait pas à la légère".

En plus des six victimes suivies par la CGT, douze autres ont été identifiées par les policiers. Les forces de l'ordre ont aussi mis la main sur 530.000 euros d'avoirs criminels constitués de bijoux, du numéraire, des voitures et des montres de luxes.

Sacrés restaurateurs qui bossent dur et n'arrivent pas à s'en sortir

T'es plus clément que ton VDD