Rien ne sert de courir, quand depuis toujours on se prépare au pire. Rien ne sert de courir, quand on est habitué à fuir. On regarde dans le rétroviseur, ou par-dessus son épaule, la vie s'écoulant lentement dans un sentiment de terreur.
Certains regardent le Soleil se coucher, je regarde la Lune se lever. Elle charrie Vénus, regarde Mars, avril est déjà là. Il m'échappe encore. La douceur du printemps fait tomber les écharpes, tandis que je tente encore de soigner mes échardes. On accorde au temps la capacité de guérir les plaies, alors pourquoi faut-il continuer de saigner ? Il m'échappe encore. À courir après lui, je passe à côté de ma vie.
Le Phénix renaît de ses cendres, pourtant j'ai écrasé les miennes il y a longtemps. Icare voulait toucher le Soleil, j'ai compris que le ciel était un plafond de verre. Il vit dans le feu les ténèbres, j'ai vu dans le ciel noir la lumière.

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