Julien ne parle jamais de ses désirs. Il ne les formule même pas clairement. Ils vivent en lui comme des bêtes endormies, qui se réveillent parfois la nuit ou dans un silence un peu trop long.

Il voudrait disparaître, parfois. Pas mourir. Juste… se fondre ailleurs. S'éloigner de tout ça. Des écrans, des attentes, de cette société qui exige tant sans jamais rien donner de vrai en retour. Il rêve d'un lieu sans réseaux, sans deadlines, sans performance. Un endroit où il n'aurait rien à prouver. Où il pourrait être quelqu'un sans devoir devenir quelqu'un.

Il rêve d'amour aussi. Pas de ces histoires de séduction stériles, pas des plans Tinder aux dialogues mécaniques. Un vrai lien. Quelqu'un qui voit à travers lui. Qui ne le regarde pas comme un profil, mais comme un mystère à découvrir lentement. Quelqu'un avec qui partager les silences sans malaise. Quelqu'un qui ne partirait pas quand il se tait trop longtemps.

Il a parfois des élans d'ailleurs. De vie simple, de potager, de lectures longues, de bois qui crépite. Il se fantasme une vie où le lever du soleil serait plus important que le Wi-Fi. Mais il sait qu'il n'irait pas. Il a peur. Il est trop conditionné. Il ne saurait pas comment vivre autrement. Alors il rêve et reste.

Il voudrait crier aussi. Contre cette comédie sociale où tout le monde prétend aller bien, avoir compris, avoir trouvé un équilibre. Il voudrait dire que lui, il est perdu. Que parfois il se sent inutile. Vide. Mais on n'écrit pas ça sur LinkedIn. On ne dit pas ça à l'apéro. Alors il garde. Et ça s'accumule.

Son désir le plus profond ? Que quelqu'un lui dise que c'est OK de ne pas aller bien. Qu'il n'est pas cassé, juste fatigué d'un monde malade. Qu'il a le droit de ralentir. D'être bancal. D'être humain.

Mais pour l'instant, il se lève. Il mange. Il travaille. Il marche. Il fait semblant. Comme tout le monde.