Bassem dans le journal aujourd'hui

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LouisXVlll

il y a 7 mois

PORTRAIT - Suivi par des centaines de milliers de personnes, le natif du Rhône tient un discours trouble, défendant les valeurs de la France tout en s'insurgeant contre le métissage, les personnes LGBT et le «pouvoir donné aux femmes».

«Nous, à Lyon, sur des lampadaires, ils seraient en train de pendre!». Bassem Braiki a encore frappé... et ces nouveaux propos polémiques risquent de lui coûter cher. Natif de la banlieue lyonnaise, l'influenceur inconnu du grand public mais s'étant, au fil des années, transformé en un puissant porte-étendard d'une certaine frange de la communauté maghrébine, est dans le viseur de la justice, après qu'il a été signalé au parquet pour «appel à la haine, à la discrimination et à la violence». Si l'éventuelle enquête aboutissait à un procès, il risquerait un an de prison et 45.000 euros d'amende.

Lors d'un direct sur TikTok le 12 août, où il discutait avec plusieurs autres internautes, le quadragénaire est revenu sur l'agression d'une femme dans le RER francilien, qui aurait été filmée et diffusée sur Snapchat. «Mon frère ! Il y a une femme, une hadja (une femme musulmane, NDLR), qui a été giflée dans le RER», a-t-il d'abord déclaré, interpellant l'un des intervenants. «La tombe de mon grand-père, ils ont étouffé l'histoire (...) Il y a des rappeurs renois qui habitent dans le 91 qui insultent tout le Maroc. Personne fait rien. Nous à Lyon, sur des lampadaires ils seraient en train de pendre!», s'est-il ensuite exclamé, sous les acclamations de plusieurs internautes. «Wallah !» «Eh je suis d'accord avec toi, Bassem!», peut-on entendre dans l'extrait de ce direct.

«Radio hlib»
Si Bassem Braiki s'est excusé dans une publication ultérieure, arguant «(s)'être fait passer pour ce que je ne suis pas, un raciste », il ne parviendra peut-être pas à effacer aux yeux de la justice les multiples propos qu'il a tenus publiquement à travers les années. L'affaire n'aurait d'ailleurs probablement pas pris autant d'ampleur si le pouvoir d'influence de cet homme, habitué aux dérapages, n'était pas considérable, depuis le micro de sa radio libre nommée «Radio hlib» (jeu de mot entre le mot libre, et la traduction de «lait» en arabe).

Le programme est généralement retransmis plusieurs soirs par semaine, sur Youtube et TikTok, entre 22h et 1h. Pour ceux ne pouvant le suivre en direct, des extraits sont rediffusés sur tous les réseaux sociaux - certains d'entre eux étant visionnés des centaines de milliers de fois. Face caméra et casquette sur la tête, avec les logos du Maroc, de la Tunisie, de l'Algérie et de la France derrière lui, il réagit aux appels de ses milliers de spectateurs - très majoritairement maghrébins ou Français d'origine maghrébine. Ainsi, après avoir salué ses auditeurs avec un «salam aleikoum» ou un «khoya» (frère, en arabe), il leur distille ses conseils sur les thèmes de la famille, des relations amicales, de la séduction, du couple ou du travail, et donne parfois son avis sur l'actualité.

Positions ambigües
Tout au long de ses émissions, Bassem Braiki défend des positions ambigües, mais toujours excessives. Il ne cesse de se dire Français «patriote», voire nationaliste. Lorsqu'un drapeau français est arraché à Nantes début juillet lors d'une manifestation pro-Palestine, il s'insurge : «Pourquoi ?! Aux États-Unis, ils te cassent en deux, en Tunisie ils te tirent dessus, en Algérie ils t'envoient au désert et ils te font couler du béton (dessus). C'est quoi ce pays qu'est la France ? (...) C'est un blasphème ça, ça doit passer dans une loi, celui qui touche au drapeau, c'est prison !».

Peu avant les élections législatives de juin dernier, il appelle à une politique qui défende «les Français d'abord». «On veut de l'ordre et de la discipline. Les étrangers en situation irrégulière, je m'en bats les cou****. Je regarde l'assiette des Français et je regarderai celle des autres après», clame-t-il. Avant de déraper, encore: «Je fais comme au Mexique, un mur tout autour de la France, avec des snipers tous les trois mètres. C'est pas les mêmes migrants qu'avant. Maintenant ils tuent et ils violent, donc je leur tire dessus, personne ne rentre en France. Le plus important c'est mon peuple.»

Enfin, s'adressant dans une vidéo aux jeunes d'origine maghrébine ne revendiquant pas leur nationalité française, il martèle : «Pourquoi t'as honte de dire que t'es fier d'être Français ? Vous êtes des enfants de la République, vous avez grandi dans des écoles françaises, avec des dessins animés français, mais ça vous troue le c** de dire que vous êtes fiers d'être Français. Pour vous, Français, ça veut dire être un raciste, ça n'a rien à voir avec ça.»

Il privilégie malgré tout «sa» communauté
Dans le même temps, Bassem Braiki semble placer «sa» communauté, celle des Français musulmans d'origine maghrébine, au-dessus de tout. Quitte à considérer les Français n'étant pas musulmans comme «l'ennemi». À cet internaute qui se plaint de ne pas trouver de «taff» car il ne peut pas prier pendant ses heures de travail, il lui répond : «Vous savez qu'on est mal vu, que c'est le début de la fin. Pourquoi vous rajoutez de l'huile sur le feu ? Intelligence avec l'ennemi mesdames et messieurs, entre guillemets, l'ennemi idéologique. Pourquoi je vais me tirer une balle dans le pied ? Pourquoi je vais me griller en allant faire la salât (prière, NDLR) devant tout le monde ? Même au bled ils t'autorisent pas à faire ta salât pendant que tu travailles !»

Pour protéger «sa» communauté, Bassem Braiki s'autorise toutes les outrances. S'il se défend de tout racisme, il assume une aversion pour le «métissage », qui selon lui «tue nos cultures, tue nos valeurs et tue nos peuples». Dans un direct, il assure: «Moi j'ai deux fils. Si demain il m'amène (une fille originaire) d'en dessous du Maghreb, je ferme boutique. Pourquoi ? Car l'endogamie préserve les communautés fortes. Quand un papa renoi (noir, NDLR) refuse sa fille pour un maghrébin ou pour un blanc, je l'applaudis mille fois, car le papa renoi sait qu'en acceptant sa fille, il va affaiblir sa communauté.»

Dans une vidéo datant de 2019, il va beaucoup plus loin en s'adressant à un homme noir. «Tes sœurs, elles sont radioactives, on les touche pas avec un bâton ! Vous vous aimez pas, vous souffrez d'un complexe d'infériorité, vous êtes pas beaux, vous ressemblez à rien! C'est pour ça que vous essayez de ni**** les communautés des autres pour avoir une descendance un peu plus blanche!»

L'ensemble de ces propos ont alerté l'association SOS Racisme, qui a porté plainte en avril 2023 auprès du parquet de Paris pour injures et diffamation publiques à caractère racial et provocation à la haine et à la violence, des délits passibles d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Une enquête est en cours.

BdMKiller
BdMKiller
MP
CiterBlacklisterAlerte
Niveau 40
15 août 2024 à 19:26:38
Haine des femmes ?
Selon Bassem Braiki, le métissage dans sa communauté est largement dû aux femmes et à l'incapacité des hommes d'origine maghrébine à les «garder» pour eux. «Les femmes rebeus (arabe, NDLR), elles ont le droit de marcher avec des renois, je dis pas le contraire, mais (...) ce qui me tue, c'est que les rebeux (sont) des seconds choix. (Les renois), ils les ni***** ! (...) Vous êtes des hommes vous ?», questionne-t-il en s'adressant à ses fans.

Tant et si bien qu'il s'en prend régulièrement aux «kehba», ces femmes qui, d'après lui, «déshonorent» sa communauté. Dans une vidéo datant de plusieurs années, on peut voir l'influenceur attaquer une femme d'origine maghrébine, qui a eu le malheur de le contacter. «Je constate que t'es habillée comme une p***, ta photo c'est une photo de beurette, sale chienne, t'as une photo de la Mecque et tu vas nous dire “j'adore le ramadan”. Moi je suis un bon musulman donc je donne à manger aux chiennes comme toi», dit-il, énervé, en posant devant lui un paquet de croquettes.

Réagissant plus tard à la vidéo d'une Française d'origine maghrébine se plaignant d'être victime d'une pression communautaire, il rétorque : «Mais on t'a rien demandé, va te faire enc*****, va même te donner à des chauffeurs bulgares ! Par Allah on te renie, même si je suis ton frère je te renie, je prends le livret de famille, je déchire. Même une Française s'affiche pas comme toi!»

Pire encore, l'influenceur estime qu'il ne faut «pas donner de pouvoir aux femmes». «Pour une seule raison : juste parce qu'elles ont leurs règles», assène-t-il dans une vidéo devenue virale sur TikTok. «Un jour elle a ses règles, elle crée la peine de mort. La tête de ma mère que je suis sérieux. Ne jamais donner les clés du camion à une femme, parce que la nature nous dit que c'est pas à elle de diriger, parce qu'elles ont des hormones.» Une conclusion pour le moins radicale, mais totalement fausse, car les hommes aussi, ont des hormones...

Cyberharcèlement
Pour se dédouaner, Bassem Braiki prône l'humour. Une défense battue en brèche devant le tribunal correctionnel de Lyon, en 2020, qui l'a condamné à 8 mois de prison avec sursis pour des propos homophobes tenus deux ans auparavant dans un live vidéo. «Les homosexuels, il faut vous soigner. Faut qu'on vous soigne, et moi j'ai la solution pour qu'on vous soigne. Tu prends un Efferalgan, tu mélanges avec du cyanure, puis ça va vous soigner (…). Faut éradiquer ce phénomène...», avait-il dit. Trois associations de lutte contre l'homophobie avaient à l'époque porté plainte contre l'influenceur, qui n'a jamais cessé de traiter les personnes LGBT de «sodomites», de «tarlouses» ou de «sidaïques».

Les propos de Bassem sont d'autant plus problématiques qu'ils entraînent dans leur sillage un déluge de violences en ligne. Le Figaro est remonté sur la piste d'un canal Telegram lié au blogueur, se présentant comme un «chat officiel». Sur celui-ci, des dizaines de publications d'adeptes de Bassem dénoncent les «faux musulmans», les «voilées décapotables» et ceux qui «sexualisent les arabes». «Retrouvez son adresse les frères, il a dit plein de trucs sur nos sœurs voilées», peut-on lire dans l'une d'elles, accompagnée d'une photo de l'internaute mis en cause. «Wallah Bassem, fais quelque chose contre cette voilée qui fume et qui fait des transitions de la burqa au crop top», écrit un autre internaute. Preuve, s'il en fallait une, que les prises de position de Bassem Braiki font déjà des émules.