Menzi en fait c'est une allégorie du désir adolescent

Dès le début de l'aventure, Menzi vous "choisit" littéralement, pour vous accompagner. Elle est présente à presque chaque tournant majeur, vous interpelle avec enthousiasme, vous sollicite régulièrement pour des combats. Cette présence insistante, joyeuse mais parfois envahissante, incarne ce moment de la puberté où le désir émerge, encore flou, pas tout à fait compris, mais irrépressible.

Elle incarne une pulsion, une force qui vous pousse à progresser, à changer, à vous affirmer, comme le désir qui, à l'adolescence, pousse à la transformation personnelle et sociale.

Dans l'univers Pokémon, le combat est une forme ritualisée d'interaction intense. Or, Menzi n'aime pas la victoire, ni la domination : elle aime l'acte même du combat, la dynamique du choc, de l'échange, de l'élévation par la confrontation. Cela évoque une pulsion de contact.

Le fait qu'elle soit plus expérimentée que le joueur en début de partie et qu'elle se retienne de déployer toute sa puissance jusqu'au combat final suggère une retenue volontaire : un désir contenu, maîtrisé, différé jusqu'à maturité.

L'ensemble du jeu se déroule dans un contexte académique. Le joueur et Menzi sont à l'académie, dans un monde à mi-chemin entre l'enfance (les Pokémon) et l'adulte (les responsabilités, les choix, les combats et les trésors de la vie). C'est l'espace par excellence du développement du moi sexué.

Menzi, en ce sens, incarne le désir intérieur qui pousse l'adolescent à se confronter à lui-même, à se connaître, à se dépasser... et donc, symboliquement, à s'éveiller sexuellement.

Le combat final à l'académie est LE PASSAGE À L'ACTE.
Ce moment où Menzi vous affronte pleinement, sans retenue, à l'apogée de l'histoire principale, symbolise un rite de passage. C'est la première fois où elle ne bride plus sa force, où elle vous traite d'égal à égal. Il ne s'agit plus de jeu ou d'initiation : c'est un affrontement total, sans filet. Elle s'ouvre à vous et s'offre à vous.

C'est la métaphore d'un basculement dans une maturité nouvelle : l'adolescence assumée, le désir qui cesse d'être inconscient ou dissimulé, et qui devient une composante intégrée de l'identité.

Mais... ce n'est pas tout, creusons un peu plus.

Léger spoiler si tu es intéressé par Scarlet/Violet, ne lis pas.

Dans la tradition narrative des RPG japonais, le rival est souvent le double du protagoniste, parfois son opposé, parfois son reflet, mais toujours celui qui donne du sens à sa quête. Ici, Menzi ne vous considère véritablement comme son égal qu'après le dernier combat. Ce moment, ritualisé, intense, émotionnellement chargé, culmine par une demande directe : devenir son rival officiel.

Or, le mot rival, dans le langage des sentiments adolescents, agit comme un substitut pudique au terme "partenaire". Elle n'ose pas parler d'amour, mais parle de rivalité, une forme codée d'intimité. Il s'agit d'un lien électif, unique, exclusif, symétrique dans la reconnaissance et la tension permanente. C'est une métaphore claire du couple adolescent naissant : on ne parle pas encore d'amour, mais on reconnaît l'autre comme étant celui ou celle qui nous complète et nous met en mouvement.

Menzi est décrite dès le début comme une surdouée du combat, une "élève modèle", toujours prête, toujours volontaire, mais incapable de trouver un adversaire à sa hauteur.
Ce déséquilibre... elle, déjà "mature" , vous encore "en développement" ... Cela évoque une tension classique du désir : l'un est prêt, l'autre pas encore.

Son comportement est celui de la pulsion qui cherche son objet : elle ne vous lâche pas, vous attend, vous félicite, vous pousse. Mais surtout : elle attend votre "maturité" pour se dévoiler sans retenue.

Autrement dit : elle incarne le désir sexuel dans sa phase latente puis éveillée, attendant la réciprocité du sujet principal (le joueur) pour pouvoir s'exprimer pleinement... ce qu'elle fait uniquement à la fin.

Son ultime demande, attention petit spoiler :
"Veux-tu être mon rival ?"
est donc une déclaration. Non pas d'amour explicite, mais d'un désir de lien, d'échange permanent, de tension féconde.

En d'autres termes, le joueur a atteint l'âge symbolique de la réciprocité du désir, et Menzi peut enfin lui proposer l'équivalent, dans ce monde codé, d'une forme d'union.

Le fait que l'histoire se déroule dans une école n'est pas anodin. L'Académie est un microcosme de l'adolescence : lieu d'apprentissage, de normes sociales, mais aussi de premières émotions fortes, d'amitiés électives, de rivalités sublimées... et de premiers émois.
L'affrontement final, après avoir vaincu tous les défis extérieurs (ligue, créatures légendaires, menace sur la région), est un retour à l'intime : c'est Menzi, l'élément initial, qui boucle la boucle... Elle vous dit alors, littéralement, qu'elle vous attendait, qu'elle savait que ce moment viendrait.

Flemme de détailler sa gestuelle in game, de toute manière personne n'a lu tout le topic.

Si