Après quelques recherches sur Google, je m'aperçois que quasiment personne ne fait le rapprochement entre ces trois personnages, alors que le parallèle entre eux et leurs empires respectifs (ce qui allait devenir l'empire romain, l'empire britannique et l'empire américain) est frappant.

https://foreignpolicy.com/2025/02/07/elon-musk-predatory-capitalism-colonialism-cecil-rhodes/
https://www.lefigaro.fr/vox/monde/musk-le-nouveau-crassus-de-rome-a-washington-le-renouveau-du-triumvirat-20241025

Pourtant, ce sont tous les trois des magnats qui ont largement contribué à l'impérialisme dans leurs pays respectifs, qui ont acquis des positions politiques grâce à leurs relations et à leur pouvoir économique. Crassus, par exemple, a bâti sa fortune sur des spéculations immobilières et des contrats militaires avant de s'imposer comme une figure incontournable du premier triumvirat à Rome. Cecil Rhodes, quant à lui, a exploité les ressources africaines, notamment via la British South Africa Company, pour asseoir la domination coloniale britannique et son propre pouvoir. De son côté, Elon Musk, avec ses entreprises tentaculaires comme Tesla, SpaceX ou encore X, incarne une forme moderne de puissance économique qui influence directement les orientations politiques et stratégiques des États-Unis.

Là où le parallèle devient passionnant, c'est qu'il est légitime d'extrapoler que l'empire américain va évoluer, au moins sur le plan politique, comme ont évolué les deux autres empires que j'ai nommés précédemment. L'histoire de Rome montre une transition d'une république dominée par des oligarques vers un régime impérial centralisé, où le pouvoir économique s'est progressivement transformé en pouvoir absolu. L'empire britannique, après son apogée au XIXe siècle, a connu un lent déclin marqué par des crises internes et une perte d'influence globale, malgré les efforts de figures comme Rhodes pour le maintenir.

Dans le cas américain, on peut se demander si l'influence croissante de magnats comme Musk ne préfigure pas une mutation similaire. À l'image de Crassus, dont la richesse a financé des campagnes militaires et acheté des loyautés, Musk utilise son capital pour façonner des récits politiques et technologiques, notamment à travers ses prises de position publiques et ses investissements dans des secteurs stratégiques comme l'espace ou l'intelligence artificielle. Cette dynamique pourrait annoncer une ère où les frontières entre pouvoir économique et pouvoir politique deviennent encore plus floues, voire inexistantes.

Un autre point de comparaison réside dans la manière dont ces figures ont su exploiter les opportunités de leur époque. Crassus a profité des guerres et des crises pour s'enrichir, Rhodes des rivalités coloniales européennes, et Musk des bouleversements technologiques et de la globalisation. Chacun, à sa façon, a su transformer des périodes de chaos en tremplins pour leur propre ascension, tout en laissant une empreinte durable sur la structure de leurs empires respectifs. Cette capacité d'adaptation semble être une constante qui transcende les siècles et les contextes historiques.

Ainsi, en observant ces trois trajectoires, on pourrait avancer que l'empire américain, s'il suit un schéma comparable, risque de voir son système démocratique s'éroder au profit d'une gouvernance de plus en plus concentrée entre les mains de quelques individus influents.