C'est fou à quel point un destin peut basculer en à peine une journée...

Alors qu'il vient de subir face aux Goths ce qui sera retenu par l'histoire comme l'une des plus grandes défaites Romaines jamais essuyées, le 9 août 378, Valens, frappé par l'ampleur de la débâcle sous la chaleur pesante de l'été, plonge dans un abîme de stupeur, de désespoir et d'incompréhension, assistant impuissant au spectacle d'un carnage dont il était le seul responsable

Il comprend immédiatement que la défaite était totale et irréversible et que son armée, son dernier rempart contre l'invasion, avait été pulvérisée, et avec elle, l'espoir de contenir au-delà du Danube ces flots de barbares qui allaient dès lors se déverser continuellement sur l'empire

Une partie de lui refuse pourtant de céder à la panique et pense-t-il encore, dans un dernier élan de résilience, que l'honneur imposait qu'il se tienne là, jusqu'à la fin, en face de son destin

Il prend alors la décision de se retirer, sautant pas à pas par-dessus les cadavres qui jonchent les sols d'Andrinople, vers un abri fortifié où il juge bon de s'embusquer, priant pour que les Goths ne l'y retrouvent pas. Mais que nenni...

C'est là, dans cette petite forteresse isolée, qu'il allait rencontrer un sort encore plus cruel que la défaite. Les Goths finissent par le retrouver et encerclent alors les lieux. Mais au lieu d'investir directement le cabanon et se risquer à perdre inutilement plus d'hommes qu'ils viennent d'en perdre, ils jugent bon de le livrer aux flammes

C'est alors que se savant pris au piège, entouré de flammes que ses ennemis allument pour anéantir ce dernier bastion, Valens est mis malgré lui devant le fait accompli : c'est fini

L'incendie devait bientôt dévorer le refuge, la chaleur suffocante et la fumée aveuglante envahir les lieux. L'empereur, pris dans l'étau de la guerre et de la mort, se retrouve pris au piège de ses propres faiblesses et de son échec

Ses cris n'allaient pas tarder à retentir, puissants et désespérés. La douleur, inhumaine, parcourait chaque fibre de son corps, et ses hurlements, rauques et brisés, se mêlaient au crépitement des flammes. L'empereur, autrefois tout-puissant, semblait perdu dans cette souffrance extrême, ses voix se chevauchant dans un tumulte de gémissements