Carrefour accusée d’exploiter des migrants en Arabie Saoudite

OP
SD

SonicDebout

il y a 5 mois

L'enquête d'Amnesty International s'appuie sur les témoignages de 17 travailleurs migrants, originaires d'Inde, du Népal et du Pakistan, employés dans les magasins Carrefour des villes de Riyad, Dammam et Djedda.

Tous décrivent des pratiques abusives dès le processus de recrutement dans leur pays d'origine. Ils ont dû payer des frais de recrutement d'environ 1 200 dollars (environ 1 135 euros), un montant souvent emprunté à des taux d'intérêt élevés, les plongeant dans un cycle d'endettement.

Ces agents recruteurs, avec la complicité de sous-traitants saoudiens, les ont trompés sur les conditions d'emploi, leur promettant des postes au sein d'entreprises internationales comme Carrefour. Ce n'est qu'une fois en Arabie Saoudite que les travailleurs découvrent qu'ils sont en fait employés par des sociétés de fourniture de main-d'œuvre locales, qui jouissent d'une mauvaise réputation auprès des travailleurs migrants.

Sur place, les conditions de travail décrites sont proches de l'esclavage moderne. Les travailleurs migrants sont contraints de travailler plus de 16 heures par jour, sans repos hebdomadaire garanti Dans de nombreux cas, leur seul jour de repos était annulé sans compensation, en violation flagrante du droit saoudien.

Les travailleurs, qu'ils soient employés dans des magasins, des entrepôts ou des "dark stores", devaient parfois marcher plus de 20 kilomètres par jour dans des environnements épuisants. Amnesty révèle aussi une culture de la peur instaurée par les employeurs. Ceux qui osaient se plaindre des conditions de travail étaient soit ignorés, soit menacés de représailles, parfois sous la forme de licenciements immédiats.

En plus de ces conditions de travail, les travailleurs migrants sont logés dans des conditions déplorables. Les sous-traitants saoudiens les hébergent dans des logements insalubres, sans respect des normes de base en matière d'hygiène ou de sécurité. Ces travailleurs sont également privés de leur passeport, les empêchant de quitter le pays ou de changer d'emploi sans l'autorisation de leur employeur, en raison du système de parrainage local, connu sous le nom de kafala.

L'enquête d'Amnesty démontre que ce système d'exploitation présente tous les signes du travail forcé, défini par deux éléments essentiels : le travail contre son gré et la menace de sanction. Ces conditions, combinées à l'endettement dû aux frais de recrutement, piégeaient les travailleurs dans une spirale d'exploitation sans échappatoire

Selon les normes internationales relatives aux droits humains, Carrefour, en tant qu'entreprise internationale, a l'obligation de veiller à ce que ses filiales et franchisés respectent les droits humains dans le cadre de leurs activités. Amnesty International reproche à Carrefour de ne pas avoir pris de mesures suffisantes pour prévenir ces abus ou pour compenser les victimes

Dans sa réponse à Amnesty, Carrefour et son franchisé Majid Al Futtaim ont déclaré avoir lancé une enquête interne et ordonné un audit indépendant des conditions de travail dans les magasins et entrepôts en Arabie Saoudite. Majid Al Futtaim a également affirmé avoir transféré certains travailleurs dans de nouveaux logements et amélioré ses politiques concernant les heures supplémentaires et l'interdiction des frais de recrutement.

Cependant, Amnesty reste critique, soulignant que ni Carrefour ni son franchisé n'ont encore pris d'engagement pour rembourser les frais de recrutement ou indemniser les travailleurs pour les préjudices subis. L'ONG demande des actions concrètes, notamment la compensation immédiate des victimes, et appelle Carrefour à renforcer la vigilance et les contrôles dans les pays où les droits des travailleurs sont particulièrement à risque.

https://www.economiematin.fr/carrefour-migrants-travailleurs-exploitation-arabie

AC

AdamColeRe

il y a 5 mois

Et pourtant, le grand patron de Carrefour est un milliardaire de gauche, comme la plupart des milliardaires... Chaud