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D'habitude d'humeur paisible, Emin Ljutic s'enflamme lorsqu'il parle de ses ours bruns jumeaux. Il assure qu'il prendra sa propre vie plutôt que de voir ses «enfants» mis à mort, comme l'a ordonné une loi en vigueur en Bosnie.

Dans la bourgade de Bistrica, au coeur de la Bosnie, Emin a cédé sa maison à ses protégés, Laka et Gvido. Il a fait un enclos grillagé adossé à une partie de la maison et a ouvert des brèches dans les murs, de façon à ce que les plantigrades puissent s'abriter à l'intérieur et profiter de l'air quand ils le souhaitent. Une sorte de zoo improvisé.

Le sexagénaire, lui, a déménagé dans un conteneur, avec pour tout confort un vieux canapé et un réfrigérateur, installé dans la cour où musarde une meute d'une cinquantaine de chiens.

«Petit, Laka partageait mon lit. Je lui donnais le biberon et de la nourriture pour enfants. Je lui changeais les couches et maintenant on veut me le prendre. Jamais je ne le permettrai», s'exclame cet homme dodu aux cheveux blancs ébouriffés.

La mère de Laka et Gvido est morte en marchant sur une mine datant de la guerre de Bosnie (1992-95).

«Maintenant ils sont peut-être dangereux, mais avant j'allais avec Laka au bistrot boire un verre ensemble. Il adore la bière!» raconte Emin.

«J'ai encore 50 kilos de miel pour eux cet hiver. Franchement, trouverez-vous une meilleure maison pour eux», interroge Emin.