Il y a des choses qui s'oublient pas.

J'avais rencontré cette meuf sur internet. C'était une algérienne, j'étais l'opposé, on a joué et de notre jeu est née une passion soudaine et intense, du jamais vu. On partait du principe que ça mènerait nulle part mais paradoxalement ça a nourri cette passion et je suis tombé fou amoureux. Après 10 mois de galère totale ponctuée de ruptures et de retrouvailles, je décide de porter mes couilles et de la rencontrer dans le 93. Etant d'extrême droite, le 93 était l'enfer pour moi, mais là j'avais BESOIN de la voir. Je me suis lancé.

Je voyage donc à Paris et je l'attends à cette station de la ligne 13, Basilique Saint-Denis, plus précisément auprès d'une fontaine qui pue la pisse, mal à l'aise à cause de la faune locale. L'endroit est sale et laid, même s'il est devenu par le souvenir le plus bel endroit du monde. D'un coup je vois une petite tête brune qui se cache et qui dépasse à l'autre bout de la place. Etant en terrain inconnu, je suis littéralement en pilote automatique, je fonce vers elle et je la coince. Elle était atrocement timide et me fuyait, elle portait un masque COVID par volonté de me cacher son visage, et moi je la suis pour l'observer de plus prêt. C'était une danse adorable. Pour éviter de supporter mon regard, elle me tire vers la Basilique Saint Denis car elle savait que ça allait me capter. Je bloque en effet quelques secondes de stupéfaction devant la beauté du bâtiment, une magnifique bâtisse historique avec les vitraux cernés d'or. Je me rends compte en tournant ma tête que pendant que je fixais la basilique, j'étais moi même fixé par la demoiselle. Je me rends compte en même temps que je suis amoureux d'elle.

Mais le moment clé de cette rencontre, c'est pas la fontaine qui pue la pisse ou la basilique, ni tout le reste de la journée passée ensemble à se draguer. C'est celui où juste après, dans le tram, je remarque que cette femme debout en train de se tenir à la barre est la plus belle chose que j'ai jamais vue de toute ma vie. Je l'ai fixée tout le trajet comme j'avais fixé la basilique un peu avant, ahuri devant tant de beauté, complètement figé. Il y a pas une autre femme dans tout Paris qui a concentré autant un tel regard ce jour là. C'est précisément là que j'ai su que j'étais foutu. C'est l'expérience sensorielle est la plus intense que j'ai jamais vécue.

Je sais pas pourquoi j'y ai repensé tout à l'heure dans le métro, j'observais les femmes et je me disais que je connaitrai plus jamais cette expérience

C'était comme La Passante de Baudelaire mais sur 40 minutes embrayées sur 4 ans de ma vie