le parfum de ma première copine, qui n'était pas si commun je pense
j'ai encore la malle où j'ai nos lettres, des fleurs séchées, des photos, des mots, tous imprégnés de parfum, c'est de plus en plus rare mais j'aime bien la rouvrir et juste sentir le papier à lettres, j'ai aussi l'impression de le reconnaître parfois dans le métro, dans les trains, dans la rue

l'odeur de la glue et des produits dans l'atelier de mon grand père, couplé à l'âcreté de la poussière, comme quand on vide un taille crayon; l'odeur d'humidité, quand je dormais avec mon père dans l'appartement adjacent, des nuits solitaires, dans mon enfance

le chant du merle après la pluie, quand le soleil paillette sur l'herbe et qu'il reste encore des nuages sombres sur le ciel bleu

les maisons de brique noircies, les jardinets en fouillis avec des clématites, du lilas (l'odeur des lilas, aussi)

une caresse particulière, dans le dos, que ma mère me faisait chaque matin pour me réveiller avant d'aller à l'école

l'odeur de l'aftershave de mon père

les fenêtres allumées sur une rue d'un quartier résidentiel, l'hiver, la façon dont la lumière est incrustée dans le verre

l'odeur des églises, le clocher plus noir sur le ciel la nuit quand il a l'air d'être illuminé de derrière les nuages