Ne désire pas que les choses soient comme tu le voudrais ; désire qu'elles soient comme elles sont, et tu connaîtras la paix.

La solitude est une terre à deux visages : celle qu'on choisit est un refuge ; celle qu'on subit, un poison. Je suis l'hôte des deux.

Quiconque a goûté à la liberté d'être seul craint de la perdre. Dans la solitude choisie, l'homme cesse d'être esclave ; il devient maître de son temps, de ses pensées, de son souffle.

Mais l'homme est faible. Il quémande l'amour, des mains, des regards, des caresses. Et lorsque ces choses lui manquent, il se sent mutilé, inutile, oublié du monde.

Cette carence d'affection devient une drogue subtile : on souffre de l'absence plus encore qu'on ne jouirait de la présence.

Pourquoi m'enchaîner à ce désir de possession sentimentale ? Les autres baisent et rient, soit. Mais leurs cœurs s'effondrent, leurs promesses se fanent. La passion humaine est une bougie qui vacille au moindre courant d'air.

Il est des destinées solitaires. Peut-être la mienne. Ne pas lutter contre ce courant, mais le dompter. L'homme fort n'est pas celui qui change le vent, mais celui qui ajuste sa voile.

Mes mains ont touché mille passions avortées : dessins, musiques, mots, rêves. Des fragments éparpillés d'une œuvre encore informe.

À trente-trois ans, je vois l'horizon. Je ne peux plus prétendre l'ignorer. Ne rien bâtir serait désormais un crime contre moi-même.

Crée, ou meurs en spectateur de ta propre vie.