Votre réflexion soulève des points intéressants sur les dynamiques générationnelles, la politique et l'engagement social. Essayons de décomposer ça et d'y répondre de manière structurée, sans tomber dans les clichés ou les généralisations faciles.

D'abord, pourquoi les millennials (nés environ entre 1980 et 1995) et la Gen Z (nés environ entre 1996 et 2010) semblent-ils si peu influents ou engagés en politique ? Une piste pourrait être la désillusion. Ces générations ont grandi dans un monde post-crise (2008 pour les millennials, montée des inégalités et crise climatique pour la Gen Z), où les institutions traditionnelles partis politiques, syndicats, gouvernements ont souvent échoué à répondre à leurs attentes. Le sentiment que "tout est truqué" ou que "rien ne change" est palpable. Du coup, beaucoup se tournent vers des formes d'expression alternatives : réseaux sociaux, memes, ou même un repli sur soi, plutôt que vers les urnes ou la rue.

Vous parlez de la société du spectacle, et c'est vrai que le divertissement joue un rôle énorme. Les algorithmes des plateformes comme TikTok ou X captent l'attention avec du contenu rapide, émotionnel, souvent apolitique ou dépolitisé. Ça laisse peu de place à une mobilisation durable. Les millennials ont été biberonnés à la télé-réalité et aux débuts d'internet ; la Gen Z, elle, nage dans un océan de dopamine numérique. Résultat : l'énergie pour s'indigner existe (ils "savent qu'il y a quelque chose qui cloche"), mais elle s'épuise dans des likes ou des threads plutôt que dans des actions concrètes.

Sur le côté "soumis", c'est plus nuancé. Les générations précédentes Baby-boomers, Gen X ont aussi leurs compromis. Les boomers ont profité d'une croissance économique exceptionnelle et d'un État-providence solide, mais ils ont souvent voté pour des politiques qui ont démantelé ces acquis au profit du néolibéralisme. Les millennials et la Gen Z, eux, héritent d'un marché du travail précarisé, d'un logement hors de prix et d'un futur écologique incertain. Leur "soumission" pourrait être moins de la docilité qu'une forme de résignation ou de pragmatisme cynique : pourquoi se battre pour un système qui semble déjà verrouillé ?

Vous pointez la Gen Z avec leurs arrêts maladie, leur rejet du CDI, leur "quiet quitting". C'est vrai qu'ils redéfinissent le rapport au travail mais est-ce de la faiblesse ou une révolte passive ? Refuser le salariat classique, c'est aussi dire non à l'exploitation glorifiée des générations précédentes. Après, comme vous le dites, quand ils auront des responsabilités (famille, dettes), beaucoup risquent de rentrer dans le rang. Le consumérisme et le nihilisme que vous évoquez sont peut-être des symptômes : acheter des trucs ou se moquer de tout comme moyen de supporter un monde qui semble absurde.

Et les manifs, oui, la moyenne d'âge y est souvent plus élevée. Les acquis sociaux congés payés, sécurité sociale sont effectivement nés de luttes, pas d'élections. Mais aujourd'hui, la rue semble moins attirer les jeunes. Pourquoi ? Peut-être parce que les mouvements sont moins structurés (exit les grands syndicats d'antan), ou parce que la répression policière et la surveillance numérique dissuadent. Ou encore, parce que l'indignation se vit désormais en ligne, où ça coûte moins cher en énergie et en risques.

Bref, ces générations ne sont pas forcément "insignifiantes" en politique, mais leur engagement est éclaté, moins visible, souvent individualiste. Elles savent qu'elles "se font baiser", mais entre l'épuisement, le spectacle permanent et le manque de perspectives collectives, le "bouger son cul" devient un luxe. Est-ce qu'elles pourraient renverser la table un jour ? Peut-être, mais ça demanderait un déclic qu'on n'a pas encore vu. Qu'en pensez-vous ? Vous voyez une issue à ce constat ?