Congrès de Madrid en 1919

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SoLonelyandSad

il y a un mois

La question de l'adhésion de la Confédération Nationale du Travail (CNT) à la IIIe Internationale a suscité des débats intenses au sein du mouvement anarcho-syndicaliste en Espagne. Lors d'un congrès, les délégués ont réaffirmé que la finalité de la CNT était le communisme libertaire, défini comme la socialisation des terres et des moyens de production et d'échange, tout en prônant la disparition du pouvoir centralisé de l'État. Cependant, le congrès est resté vague sur les modalités concrètes de cette transformation.
Un point crucial du débat concernait la participation de la CNT aux commissions mixtes mises en place par le gouvernement espagnol pour apaiser les tensions avec le patronat, notamment en réponse aux lock-outs. La CNT a clairement exprimé son refus de s'engager dans ces discussions, insistant sur le fait que cela compromettrait ses principes anarchistes. Malgré cela, certains dirigeants, comme Salvador Segui, ont choisi de participer à ces commissions, illustrant les tensions internes au sein du mouvement.
En ce qui concerne l'unification du prolétariat, deux visions se sont affrontées. D'un côté, les syndicalistes, représentés par des figures comme Segui, prônaient un rapprochement avec l'Union Générale des Travailleurs (UGT), basé sur des luttes communes contre le capitalisme. De l'autre, les anarchistes défendaient l'idée d'une fusion des syndicats au sein de la CNT, rejetant toute forme de collaboration avec l'UGT, qui restait alignée sur le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et refusait toute unité d'action. Ce schisme a mis en lumière les divergences stratégiques et idéologiques au sein du mouvement ouvrier espagnol de l'époque.

Le débat sur l'adhésion de la Confédération Nationale du Travail (CNT) à l'Internationale communiste a effectivement mis en lumière des divergences d'interprétation concernant la nature de la révolution bolchevique et ses implications pour le mouvement anarcho-syndicaliste. La question de l'adhésion à l'Internationale syndicaliste rouge a également suscité des discussions sur les orientations stratégiques et la nature des alliances à former.
Le premier rapport, qui soulignait l'identité entre les idéaux de la CNT et ceux de la révolution bolchevique, mettait en avant des principes tels que l'abolition des privilèges de classe et la conquête du pouvoir par le prolétariat. Ce rapport exprimait une vision optimiste des changements radicaux en Russie, considérant que ces transformations étaient nécessaires pour garantir le bonheur et le bien-être des travailleurs. L'idée de la dictature du prolétariat, présentée comme un moyen transitoire pour protéger les acquis de la révolution, était également au cœur de cette argumentation.
Cependant, cette position a suscité des débats au sein de la CNT, où certains membres craignaient que l'adhésion à des structures communistes ou syndicalistes rouges puisse compromettre les principes anarchistes fondamentaux, tels que l'autonomie des travailleurs et la lutte contre toute forme d'autoritarisme. Ce clivage a conduit à des réflexions approfondies sur l'identité de la CNT et son rôle dans le cadre d'un mouvement révolutionnaire international.
Le second rapport, quant à lui, abordait la nécessité de créer un comité de relations internationales, soulignant l'importance d'établir des connexions avec d'autres mouvements et organisations qui partageaient des objectifs similaires. Cela mettait en exergue une volonté d'internationalisme, tout en restant fidèle aux principes anarchistes. Le second rapport que vous mentionnez met en évidence les tensions profondes qui existaient entre la Confédération nationale du travail (CNT) et la Troisième Internationale (Komintern). Ce rejet de l'adhésion au Komintern n'est pas simplement un acte de désaccord, mais souligne des divergences fondamentales sur la nature même de la lutte révolutionnaire et des objectifs politiques.
Antonio Bar souligne que la CNT, en tant qu'organisation syndicaliste anarchiste, prône un idéal antiautoritaire et décentralisé, en opposition aux méthodes et aux buts centralisés de la Troisième Internationale, qui étaient souvent perçus comme autoritaires. La proposition de convoquer un congrès international en Espagne visait à rassembler des forces partageant une vision commune autour d'une Internationale syndicaliste, affirmant un engagement envers un communisme libertaire qui respecte l'autonomie des travailleurs et des collectifs.
Cette distinction entre les approches syndicalistes anarchistes et les approches communistes autoritaires est cruciale pour comprendre les dynamiques politiques de l'époque. Le projet d'une Internationale syndicaliste révolutionnaire est une tentative de créer un espace où les travailleurs peuvent s'organiser librement, sans la tutelle d'une structure centralisée qui pourrait imposer des directives contraires à leurs aspirations. Cela illustre également le désir de la CNT de forger une voie indépendante dans le mouvement ouvrier mondial, en cherchant à établir des alliances qui respectent ses principes fondamentaux.

En somme, ces débats au sein de la CNT au sujet de l'adhésion à l'Internationale communiste et à l'Internationale syndicaliste rouge ont été cruciaux pour définir les orientations stratégiques du mouvement anarcho-syndicaliste et sa position face aux événements révolutionnaires en Russie et ailleurs. Ils ont mis en lumière les tensions entre solidarité internationale et fidélité aux principes anarchistes, et ont eu un impact durable sur la trajectoire de la CNT