C'est un style sublime. ça demande un bon niveau de lecture, une certaine patience et un certain goût pour la nostalgie. C'est peu adapté aux générations actuelles.

Ne t'en fais pas c'est parfaitement normal. J'ai mis des années à apprécier. À l'ombre des jeunes filles en fleurs et Albertine disparue sont selon moi les plus accessibles en première lecture. Le reste se laisse apprécier en ayant tout terminé, à la relecture. Ce qu'il y a de spécial c'est la virtuosité des extraits qui sont comme des esquisses, des saynettes qui s'enchaînent sur 2400 pages en révélant toutes un aspect d'une certaine vie. Les adjectifs, les descriptions, le ton, le rythme, l'évocation vont croissant quand on relit le livre. Des théories sur la réalité, l'art, le sommeil, le mental, qu'on a tous ressentis inconsciemment et qui deviennent consciente à la lecture. Proust épouse l'instabilité du réel et de l'imaginaire en montrant la complexité de leurs relations et pourquoi ca nous réjouit autant que nous déçoit en amour ou dans nots centres d'intérêt. Mais en réalité l'intérêt pour ce livre ne s'explique pas vraiment, le goût vient à force de savourer cette écriture généreuse qui ne fait grâce d'aucun détail curieux ou remarquable qui donne l'impression d'un monde sans fin, celui des impressions toujours plus développées tantôt drôles, tantôt dérisoires, tantôt admirables. C'est plus de la musique qu'une histoire. Au début c'est chiant puis dès qu'on a tout lu et relu et qu'on a ses repères c'est merveilleux et on reconnaît avec jubilation comme les différents moments et morceaux de bravoure d'une très longue symphonie.

Sa madeleine est incroyable

Marcel PROUT

Il y a beaucoup de choses insignifiantes au milieu de choses importantes dans le livre mais ce qui compte c'est cette générosité de l'auteur qui expose tout le monde des lieux, des personnages, de leur environnement comme on exposerait des thèmes musicaux qu'on veut réentendre et dans lesquels on retrouve toujours quelque chose de différent. Ses descriptions paraissent presque aussi larges que pour des lieux et des personnes réels. On prend goût à tout ce développé,, à tous ces univers qui font de ce roman un univers lui-même composé de pleins d'univers. Mais il faut le finir et le relire pour s'y repérer.