Ma maladie génétique auto-immune a récemment dégénéré.

Après avoir pris trente kilos suite à ma dépression, les muscles de mon ampoule anale ont finalement cédés.

Je me rappellerais tous les jours de ma vie cette première effluve, quand les excréments ont coulé pour la première fois le long de ma jambe, jusque baigner mes baskets d'un jus brun et odorant. C'était le premier coup de semonce. La fin de ma vie ordinaire, qui avait déjà pourtant été bien misérable.

Depuis cet été je porte des couches. Je ne peux jamais les enlever. La nuit, le jour, en voiture, dans l'ascenseur, au supermarché, au pole emploi... Parfois sans prévenir, un long bruit de pet annonce une nouvelle coulée tiède.

Les regards se tournent vers moi, alors que j'essaye simplement de faire mes courses. L'odeur envahit l'atmosphère et me poursuivra, jusqu'à que je puisse me réfugier chez moi.

Dans la solitude de mon replis, je n'ai même plus la force de me changer. Je me lève puis me rassoie sur la bouillie froide qui s'étale et déborde. Comme ce soir, je n'ai plus que mes yeux pour pleurer.