Officiellement, c'est parce qu'ils ne veulent pas "bordéliser les institutions", comme l'a dit une de leurs porte-paroles avec beaucoup d'élégance.

En vérité, c'est surtout parce que la décrépitude du paysage politique actuel leur bénéficie. LFI est isolée dans sa propre coalition et s'excite seule dans son coin, la Macronie est obligée de gouverner par 49.3, la droite est en perpétuelle dissension. Dans ce marécage, le RN fait ironiquement figure de parti raisonnable et stable, comme on le voit dans les sondages. Ils veulent donc laisser la situation se déliter encore plus pour pouvoir tirer les marrons du feu au moment venu... sans doute l'été prochain, quand Macron pourra convoquer de nouvelles législatives (vu que la Constitution impose un délai minimal d'un an entre deux dissolutions).

Bien sûr qu'ils pensent à leur propre avenir politique plutôt qu'au bien commun (en cela, ils ne sont pas différents de tous les autres partis). D'ailleurs, le RN n'est pas le seul auquel il faut jeter la pierre. Même s'ils avaient rallié la motion LFI, celle-ci n'avait aucune chance de passer sans les voix du PS, qui s'y était résolument refusé... alors qu'il vient pourtant de déposer sa propre motion. Bref, le paysage politique est un cirque et il n'y en a pas un pour racheter l'autre.