Vous ne fuyez pas le mensonge - vous l'avez épousé. En robe de confort et bague d'ignorance volontaire. Vous parlez de "paix intérieure" comme on parle de méditation, mais ce que vous pratiquez, c'est l'évitement intégral. Vous éteignez le feu de la vérité sous prétexte qu'il éclaire trop fort.

Vous n'êtes pas aveugles : vous fermez les yeux. Volontairement. Vous n'êtes pas naïfs : vous choisissez l'ignorance comme d'autres choisissent une assurance tous risques. Vous appelez ça de la lucidité, mais ce n'est que de l'endormissement de luxe. Un cocon cognitif. Une couette intellectuelle.

Vous voulez une existence feutrée, floutée, filtrée. Une vie où rien ne dérange, surtout pas une question qui gratte, ou une lucidité qui pique. Vous appelez ça “se protéger”, moi j'appelle ça se plier. Et quand vous osez penser trop haut, vous dégainiez votre insulte réflexe : “complotiste”. Pas pour me faire taire, non - pour ne pas avoir à m'entendre.

Moi, je préfère tomber de haut que m'endormir debout. Être hantée par mes questions plutôt que tranquillisée par l'oubli. Je veux savoir, même si ça m'éclate en mille. Parce que la vérité, aussi rugueuse soit-elle, ne m'a jamais effrayée autant que l'anesthésie volontaire.