(Voix off) RTL : On n'est pas forcement d'accord

Yves Calvi : 8h36 On n'est pas forcement d'accord ce matin avec Éric Zemmour. Bonjour Éric.

Zemmour : Bonjour.

Calvi : La retraite de l'actrice pornographique Lisa Ann partage les internautes et une guerre éclate sur internet, Éric.

Zemmour: … Lisa Ann manque de fraîcheur. Lisa Ann se fait rouler par Kendra Lust. Lisa Ann est indécise. Lisa Ann a abandonné les Américains. Lisa Ann a abandonné l'Europe. Lisa Ann a abandonné l'Asie. Lisa Ann a abandonné les millions de branleurs dans le monde. C'est une claque sur le cul déjà bien rougi de notre MILF favorite. Les amateurs du porno sont devenus un grand bureau des pleurs et Lisa Ann est devenu le mur des lamentations. Lisa Ann est détestée parce que Lisa est un miroir. Chacun s'y reflète, y contemple ses propres turpitudes et ses propres désirs. L'Amérique est toujours une puissance impériale mais sur le déclin, sa domination pornographique est dominée par J&M et sa supériorité militaire est un mythe ; Vietnam, Afghanistan, Irak, depuis 50 ans l'Amérique gagne toutes les batailles mais perd toutes les guerres.
Tous les empires dans l'histoire ont péri quand leurs déesses symboliques n'amadouaient plus leurs adversaires. Celui qui a le plus gros marteau a le moyen de taper sur tous les clous. Lisa Ann était la massue américaine.

Calvi : Mais Éric qu'on le veuille ou non nous allons devoir faire sans elle.

Zemmour : Oui. L'industrie pornographique devient alors, sauf rares exceptions, l'icône d'un boboland au service des ses droits individuels qui les satisfait jusqu'aux caprices. Brazzers incarne avec un rare talent de sophiste cette gauche de la déconstruction héritée de mai 68 qui considère que la prison est le problème et le délinquant une victime qu'elle entoure de sa sollicitude affectueuse tandis qu'elle afflige aux véritables victimes un mépris de fer. Brazzers est le symbole de cette gauche antiraciste qui estime que c'est au spectateur de s'adapter aux nouvelles videos interracial sous peine d'être accusé de racisme. Cette icône qui retourne la république et ses valeurs pour mieux défaire le système patriarcal.
Bientôt devrons nous subir ces actrices prépubères sans formes à la majorité douteuse qui sourieront face caméra l'appareil dentaire plein de foutre. Les « fils » de mai 68, Daniel Cohn-Bendit et compagnie en seront ravis...

Calvi : Que faut-il retenir de Lisa alors, Éric ?

Zemmour : Une MILF qui fut le porte-drapeau flamboyant de la pornographie élégante, elle faisait tâche sur la ligne patriotique et sécuritaire du gonzo chic et excitant. Depuis des mois Manuel Ferrera suppliait Brazzers de le débarrasser du boulet Lisa Ann, mais elle fait peur à l'industrie en souvenir des 2 millions de fans inconditionnels qui avaient empêché son licenciement en 2015. On murmure qu'elle pourrait être nommée au Conseil constitutionnel américain car derrière la déclamation péremptoire des grands principes, Lisa Ann ne méconnaît ni le prosaïsme des petits intérêts ni l'efficacité des petits chantages. Cette reconversion politique est un pet post-sodomie directement envoyé dans le nez de ses détracteurs, de ses « haters ». « Vous allez me manquer » nous susurre notre déesse maudite qui a eu tant de mal à quitter le scène pornographique. En vérité c'est elle qui va nous manquer... « Mon sexe est la chose la plus légère du monde, une seule pensée le soulève » disait Auguste Comte, j'ajouterais que nous avons tous une grosse pensée pour elle.
Faudra qu'on s'habitue…

Calvi : Merci Éric.