« Excusez-moi, je dois me rendre aux toilettes »

OP
SL

SpelarLiteDotA

il y a 7 mois

« Naturellement » me répondit l'ambassadeur chinois.
En ouvrant la double porte de bronze de l'immense salle de réception, le couloir de l'ambassade s'étendait à ma gauche et à ma droite. Pas à pas sur la moquette rouge et moelleuse, j'essayais tant bien que mal de retenir ce que le vice-président de Fu Jian Tao m'avait confié sur l'export de processeurs à destination du marché européen.
Impossible de porter un micro, il me fallait mettre à plat tout ce que je m'efforçais de ressasser dans mon cerveau pour le réécrire ensuite dans mon enquête. Mon smoking n'avait pas de poches, impossible de transporter un simple carnet. Avantage des toilettes : il y a du papier.
M'enfermant dans un cabinet, je pris des dizaines de feuilles de PQ et notais tout. Conception à moindre coup, flèche vers le bas, matériaux défectueux, flèche vers la droite, possibilité de réduire les coûts en employant de la main d'œuvre s'apparentant à de l'esclavage venu de Corée du Nord...
La Sonate au Clair de Lune de Debussy faisait écho dans la grande salle de marbre. Perdu dans mes pensées, je n'entendis guère les deux agents des services secrets se diriger vers les cabinets que j'avais emprunté.

OP
SL

SpelarLiteDotA

il y a 7 mois

« D'accord... Mais fais vite » lâcha Mme Roblèze.
Durant les cours, lorsqu'ils sont vides, les corridors du lycée étaient très calmes, ce qui a un effet déroutant lorsque l'on est habitué à la frénésie de l'interclasse. Les élèves qui courent dans toutes les directions pour ne pas être en retard à leur prochain cour, les couples qui s'embrassent, les bandes de potes qui rigolent, les petits assis par terre en train de réviser juste avant leur évaluation... À chaque fois, sur le chemin pour aller vider ma vessie, l'envie me prend de me balader des heures dans ces couloirs qui semblent infinis, sachant très bien qu'ils deviendront bruyants et agités dans à peine une demi-heure.
Elle n'était pas dans ma classe mais je savais parfaitement que Mathilde était en cour de maths en salle 205. À vrai dire je n'avais pas tant envie de pisser que ça mais la salle 205 était sur le chemin des toilettes, l'occasion parfaite de l'observer un cours instant par les hautes vitres situées sur le haut du couloir.
Je saisissais le petit rebord des vitres, me hissais tout en haut tant bien que mal et je l'aperçus. Mathilde. La main posé sur la cuisse de son voisin de droite. Maxime. Putain.
Son regard se détourna dans ma direction et je lâchais prise instantanément, le coeur battant la chamade, les tempes au même rythme. M'avais-t-elle reconnu ? Savais-t-elle au moins que j'existais ?

R6

red6010

il y a 7 mois

Ok Shakespeare