Chapitre 10 :

- Vous savez quoi ? Je crois que j'ai envie d'être seule un moment. Le prof de philo n'est pas là et je vais profiter de cette heure de libre pour aller au CDI, histoire de réfléchir et de me plonger dans la lecture.
- Ok ma star ! Si tu nous cherches on sera au foyer.
- Ouais ! Après tout ce qu'on a vécu en l'espace de quelques semaines j'ai bien envie de prendre du bon temps.
- D'accord. On se voit à la cantoche.
- Ca marche !

Une fois arrivée au CDI vous faites le tour des étagères afin de trouver un livre suffisamment intéressant pour vous détourner de vos soucis pendant 2 heures. En marchant dans la section loisirs vous apercevez un livre qui retient votre attention.

Vous retournez le livre pour pouvoir lire la quatrième de couverture :

« Elle disait quoi déjà maman ? Chaque fleur à une symbolique ? Intéressant... »

A ce moment la quelqu'un vous rentre dedans.

- Aïe !
- Fais attention bordel de merde ! T'es en plein milieu du passage là !
- Tu aurais pu m'éviter tu sais, il y a suffisamment de place au CDI pour deux personnes Sébastien.
- Va te faire foutre ! Depuis qu'Avortin t'as défendue tu pètes plus haut que ton cul et j'aime pas ça.
- A quel moment j'ai pété ?
- Tu vois ? C'est ça ton problème ! Tu fais trop la meuf sarcastique pour te donner un genre mais au fond t'es pareille que toutes les autres ! T'es juste une sale…

N'ayant pas envie d'entendre les quolibets de Sébastien vous partez en plein milieu de la phrase de ce dernier, ce qui a pour effet de l'énerver encore plus.

- C'est ça casse toi ! T'es pas la bête de meuf que tu penses être Célestine !
- Taisez vous Mr Da Silva ! Sinon j'appelle votre père !
- Eh ça y est elle casse les couilles l'autre vieille ! Je m'en vais.

Vous prenez place sur un fauteuil près des livres scientifiques. Alors que vous essayez de lire l'almanach des fleurs, vous vous mettez a ruminer vos pensées.

«  Moi qui pensais que lire un livre m'aiderait à chasser tout ça de mon esprit, je me suis bien trompée ! Il faut que je pèse les pour et les contres. D'un coté si je laisse Joaline mourir j'aurais sûrement sa mort sur la conscience. De plus si je décide d'arrêter Célestin et Tamara auront perdu du temps à cause de moi, du temps qu'ils auraient pu utiliser pour faire autre chose. Mais si je la laisse mourir le monde sera débarrassé d'une imbécile de plus. Maintenant, si Joaline meurt, ses proches seront dévastés par sa perte, que ce soit mr le proviseur ou ses amies. Et la personne qui la tuera sera probablement envoyée en prison, ce qui serait mérité mais qui aura tout de même un impact négatif sur elle. Donc en sauvant Joaline je pourrais éviter tout ça… Mon dieu je réfléchis trop ! Je suis vraiment bonne à rien ! Et être seule n'arrange rien ! Si seulement quelqu'un pouvait m'aider ! »

- Euh… Célestine ? Tu vas bien ?

Vous levez la tête d'un geste brusque. Devant vous se trouve Slimane, qui vous a fait sursauter. Vous essayez de reprendre vos esprits afin de répondre à sa question.

- Oui ça va. Et toi ?
- Ben moi ça va, mais toi tu ne vas pas bien.
- Comment tu peux le savoir ? T'as un sixième sens ?
- Pas vraiment. Disons que je sais comment lire les émotions avec le langage corporel. C'est assez facile à deviner en fait. Tu regardais tes chaussures, ce qui signifie que tu es triste ou anxieuse.
- Hmm hmm.

Slimane s'assoit à coté de vous. Son regard se dirige vers l'almanach.

- « L'almanach des fleurs »… Tu t'intéresses aux plantes ?
- Un peu.
- Moi aussi j'aime bien les plantes. J'ai un projet perso qui implique des plantes et je trouve ça super intéressant.
- Un projet perso ? Tu fais des expériences sur des plantes ?
- On peut dire ça.

Un blanc s'installe dans la conversation. Cette fois le regard de Slimane remonte vers votre visage, ce qui vous intrigue.

- Bon, dis-moi ce qui ne va pas Célestine. Ces beaux yeux verts me cachent quelque chose, et je veux savoir ce que c'est.
- Et pourquoi tu veux savoir ? (Je rêve ou il essaie de me draguer?)
- Parce qu'en ce moment tu n'as pas le sourire aux lèvres. Et moi j'aime te voir sourire. Tu es plus belle quand tu souris.
- (Il est vraiment en train de me draguer !) Ben… merci. C'est gentil.
- Mais de rien ! J'aime vraiment ton sourire. C'est le genre de sourire qui peut réchauffer un cœur refroidi par la cruauté du monde extérieur. Un sourire qui, telle une étoile filante, ne se montre pas souvent, mais qui fait plaisir à tout le monde quand il apparaît dans toute sa splendeur. Un sourire sincère en somme.
- Si je te dis ce qui ne va pas tu vas arrêter de me draguer ? Non pas que je n'aime pas ça, mais ça devient un peu lourd si tu veux mon avis.
- Mais je suis tellement sincère !
- J'en doute pas le moins de monde.
- Bon allez ! Dis moi ce qui te tracasse ma douce Célestine !
- Alors voila. Disons que j'ai un choix important à faire, et ça me stresse un peu.
- Quel genre de choix ?
- Le genre qui peut avoir des conséquences assez grave.
- Oh je vois.
- Et du coup j'essaie de peser le pour et le contre de chaque décision, mais c'est tellement dur. Je ne sais pas quoi faire. Célestin m'a dit d'écouter mon cœur, mais j'ai l'impression que même lui ne peut pas m'aider.
- Et du coup tu t'es isolée afin de faire le vide dans ta tête.
- Ouais.
- Hmm… Tu fais le pour et le contre, c'est déjà bien. Un des grands frères du quartier m'a dit un jour que choisir c'est renoncer. Donc la question que tu devrais te poser n'est pas « qu'est-ce que je pourrais gagner en faisant ce choix ? », mais plutôt « à quoi suis-je prête à renoncer ? ». En réfléchissant de cette façon tu pourras peut être réussir a faire ton choix.
- C'est intéressant comme perspective. Mais je me demande si c'est pas toi qui a inventé ça juste pour essayer de gagner mon cœur.
- Peut-être. Mais je t'ai déjà dit que je suis sincère. Et je veux vraiment t'aider à aller mieux, même si à la fin on ne finit pas heureux avec beaucoup d'enfants.

Cette dernière phrase vous fait rire. Malgré le coté un peu niais de sa tentative de flirt vous ressentez son honnêteté à votre égard et appréciez qu'il soit venu vous adresser la parole.

- Haha !
- Il y a quoi de drôle ?
- Que tu sois aussi entreprenant avec moi. Ça ne m'était jamais arrivé avant. Vu que je suis plutôt réservée je pense que la plupart des garçons pensaient que j'étais bizarre, ce qui n'est pas faux. Enfin il y a ce gars de STMG qui me trouve jolie mais c'est un obsédé. C'est pas du tout mon style de mec.
- Mais non t'es pas bizarre Célestine ! T'es juste toi même, et c'est ça que j'aime chez toi. Et je vois que tu souris ! Ça veut dire que j'ai réussi mon coup !
- « Femme qui rit à moitié dans ton lit » hein ? Désolée mais c'est pas ça qui va me faire tomber amoureuse de toi Slimane.
- Bien évidemment. Ce serait trop facile sinon. Mais je n'ai pas peur des défis. Par contre ce qui me fait vraiment peur c'est mon contrôle de maths complémentaires de demain. T'es en spé maths nan ? Tu peux m'aider s'il te plaît ? Je te revaudrais ça d'une manière ou d'une autre, je te promets !
- Ah en fait c'était juste pour ça que tu me disais tout ces mots gentils ! Pour que je t'aide à réviser ton contrôle ! T'es vraiment malin en fait !
- Tu doutes de ma sincérité ?
- Mais non gros bêta je plaisante avec toi ! Bien sur que je vais t'aider ! Faut bien que je te remercie pour les conseils que tu m'as donné.
- Super ! Mais du coup…
- Oui ?
- C'est quoi ton style de mec ?
- Ne me fait pas regretter ma décision.
- Ok. Je vais chercher mes cahiers et on va se mettre sur une table.
- No problemo.

Vous regardez Slimane se lever de son fauteuil pour aller vers son sac à dos.

« Il est vraiment sympa en fait Slimane. Moi qui voulais être seule je me retrouve à apprécier sa compagnie, même si il est un peu trop entreprenant. Ça fait vraiment du bien de parler avec quelqu'un qui comprend ce que je ressens. Je crois que je suis prête à choisir. Mais avant il faut que j'aide mon camarade avec son contrôle…  »