Faut que je vous raconte, j'ai été 3ème suppléant sur une liste du RN dans un coin paumé de France. Je me suis imaginé toute ma vie un grand destin, être un harangueur de foule, un héraut de la colère populaire, le libérateur du peuple.

Ça fait longtemps que je milite au RN et avec la dissolution j'ai eu une occase en or pour me mettre sur le devant de la scène, donc j'ai obtenu ce poste de 3ème suppléant, et chauffé à blanc j'ai fait des pieds et des mains pour organiser un meeting et enfin rencontrer mon destin.

Les cadres du département n'étaient pas très chaud mais j'ai tellement bien vendu le truc qu'on a reussis à organiser un petit meeting et on s'est tous mis à y croire, jai une très bonne base ideologique et je leur ai raconté que j'avais été manager dans une grosse boîte et que javaïs l'habitude de motiver les troupes et de faire adhérer mon public (gros fake je suis au RSA).

Donc bref, on est sur la place du village, j'ai une petite estrade, c'est dimanche matin avant la messe et à l'heure du marché donc y a pas mal de monde. Je me chauffe et tout comme si j'allais à la mort, j'essaye de m'inspirer des discours des grands hommes d'état du passé, je me mets dans le truc quoi. Je vois à la tronche de mon cadre qu'il n'est pas du tout serein et qu'il ne croit pas en moi, ça me fout un coup.

Au moment fatidique j'ai tout oublié, je regarde la foule, je ne vois que des idiots, aucun ne comprendra mon génie, je suis à 2 doigts de crier des slogans racistes avec un accent allemand pour me gagner la foule mais en fait je finirais en taule, donc je ne sais plus du tout quoi faire.

Je commence à rire nerveusement et à jeter des regards paniqués à mon cadre, ensuite je me racle la gorge pour me donner de la prestance et je commence mon discours, je fais un étalage de banalité avec une voix incertaine et sans souffle avec des énormes tics de language (voilà quoi, en fait, hinhin, etc).

Je vois le mépris et l'incompréhension dans le regard de cette foule censée m'adorer, j'abrège, je quitte la scène, je croise le regard noire du cadre, je rentre chez moi et change de numéro. Je me remets à l'alcool et au cannabis