Le pass sanitaire avait été instauré depuis 6 mois, les non-vaccinés ne pouvaient pas aller au cinéma, au restaurant, ni même à l'hôpital.

Il fallait porter le masque dans les lieux publics, et de temps à autres on avait un couvre-feu pour quelques semaines.

Les principales chaines TV invitaient des médecins priant pour un durcissement des mesures anti-covid. Les bots LREM faisaient des raids sur le forum tous les soirs de 18h à 22h.

La dystopie semblait ne jamais prendre fin.

Le délire “Pour rappel en 2022” symbolisait la blackpill dans laquelle beaucoup de forumeurs étaient à l'époque. Le forum était rempli de pavés énumérant des prédictions farfelues : division astrale des miroirs cosmiques, activation des sphères pourpres, debug du coffre mathématique, ou encore avènement des proto-humains. La force du délire résidait dans son non-sens assumé, porté par un ton alarmiste et une iconographie mémétique où le sticker de Risitas aux lunettes bleues s'est imposé comme emblème.

https://jvflux.fr/Pour_rappel_en_2022

L'imagination des forumeurs était sans limite, mêlant des références à la science-fiction, à des œuvres comme Neon Genesis Evangelion, et à des théories complotistes à la John Titor. Cette période était celle où, collectivement, chacun se sentait "pas prêt" pour ce qui allait arriver. C'était aussi celle où la frontière entre ironie et fascination réelle semblait floue.

https://www.youtube.com/watch?v=cvOtgjWWeLc

Le basculement dans l'année 2022, tant redouté ou attendu, a marqué la fin du délire dans sa forme originale.

Le 7 janvier 2022, Vald avait sorti le titre “Anunnaki”, faisant clairement référence au délire du forum dans les paroles et le clip : https://www.youtube.com/watch?v=uFnlCzgThS8

Ce clip a renforcé le sentiment que ce délire, aussi irréel qu'il fût, avait capté quelque chose de l'air du temps.

Finalement, la Russie a envahi l'Ukraine le 24 février 2022 et le discours covidiste s'est évaporé très rapidement en quelques mois, beaucoup plus vite que ce que le forum s'imaginait.

Ce délire résonne encore parce qu'il capturait quelque chose d'essentiel : un besoin collectif d'échapper à l'anxiété ambiante, en transformant l'absurdité du monde en une fresque cosmique délirante. C'était une réponse, à sa manière, au pessimisme ambiant, une manière de rire du chaos plutôt que de le craindre.