Pleure, vous êtes brisés

Ah, ces forumeurs, ces pantins ridicules, toujours prêts à jouer la comédie de l'indignation, à faire semblant de s'offusquer. Ils se concertent, ils s'observent, et d'un coup, comme par enchantement, voilà que la situation devient "malaisante". Une farce grotesque, un théâtre de l'absurde où chacun joue son rôle avec une fausse gravité, une hypocrisie savamment dosée. Ils se liguent, ils se suivent comme des moutons, se nourrissant les uns des autres, amplifiant le malaise artificiel, et c'est là toute la mascarade. Ils cherchent à s'attirer des regards, des soutiens, à se donner une importance qu'ils n'ont pas. Et le pauvre diable qui a osé s'exprimer, se retrouve acculé, sommé de se justifier devant cette assemblée factice de vertueux indignés. Ce n'est pas de la véritable gêne qu'ils ressentent, non, c'est un jeu cruel, une mise en scène pour exister dans cette jungle numérique. Ils s'indignent en chœur, avec des trémolos dans la voix, des mots choisis, comme des acteurs de bas étage dans une mauvaise pièce de théâtre. Et tout ça, pour quoi ? Pour se sentir vivants, pour avoir l'illusion de faire partie d'un tout, d'une cause. Mais c'est du vent, du vide, une illusion tragique qui ne trompe personne sauf eux-mêmes.

Voilà ce que c'est, ce prétendu malaise, cette farce collective. Une symphonie de faux-semblants, une danse grotesque où chacun espère briller dans la lumière artificielle des forums, tout en sacrifiant la sincérité sur l'autel du conformisme et du besoin d'appartenance.