La baguette croustillante, les viennoiseries du dimanche matin, le plateau de fromage, les charcuteries et les gâteaux faits maison : autant de plaisirs auxquels les Français tiennent et qui font partie de leur art de vivre. Pourtant, depuis plusieurs mois, ces achats dits "plaisirs" sont en forte diminution, signe de l'impact direct de l'inflation et de la stagnation des salaires sur le pouvoir d'achat.

Depuis 2021, l'inflation a atteint des niveaux inédits en France. Selon l'INSEE, l'inflation était de 6,2 % en moyenne en 2022, avec un pic à 7,1 % en septembre de la même année, un chiffre record pour les dernières décennies. Les prix de l'énergie, mais également des produits alimentaires, ont grimpé en flèche. En 2023, l'inflation alimentaire a encore pesé lourdement sur le budget des ménages français, avec une hausse moyenne de 13 % sur l'ensemble des produits alimentaires.
En parallèle, les salaires n'ont pas suivi cette courbe ascendante. Selon l'INSEE, le salaire moyen n'a augmenté que de 3 % en 2022, une hausse insuffisante pour compenser la flambée des prix.

Des achats plaisir en forte diminution

Le chocolat, les viennoiseries, le bon fromage et les ingrédients pour la pâtisserie maison font partie des dépenses les plus touchées. Selon une étude de l'institut NielsenIQ réalisée en 2023, les ventes de viennoiseries ont baissé de 8 % sur un an, celles de chocolat de 5 %, et les ventes de charcuterie de 7 %. Même les ingrédients pour les pâtisseries maison, autrefois prisés lors des confinements, enregistrent une baisse de 6 %.

Les artisans et commerçants de proximité ressentent également cette baisse de fréquentation. "Les clients achètent de moins en moins de produits plaisir, comme les gâteaux, les pâtisseries ou les fromages spéciaux", observe Jacques Martin, boulanger à Lyon. "Les gens se tournent de plus en plus vers les produits basiques, et réduisent les achats superflus. Ça se ressent, il y a moins de passage et les gens hésitent à se faire plaisir."

Témoignage : les choix difficiles des Français

Isabelle, une mère de famille de 38 ans vivant à Toulouse, témoigne de ces choix difficiles. "Avant, on avait l'habitude d'acheter des viennoiseries pour le petit déjeuner du week-end, et je prenais un peu de charcuterie et de bon fromage pour les repas en famille. Aujourd'hui, tout est devenu tellement cher que je ne peux plus me permettre ce luxe", explique-t-elle. "J'ai dû réajuster mon budget alimentation pour ne prendre que l'essentiel, et même faire des concessions sur la qualité. J'achète moins de produits frais et je choisis des marques distributeur pour faire des économies."

Elle ajoute que les moments de gourmandise, autrefois réguliers, sont désormais réservés aux occasions spéciales. "On essaie de faire des gâteaux maison, mais avec le prix du chocolat, des œufs et du beurre, même cela devient difficile. C'est frustrant de ne pas pouvoir se faire plaisir comme avant."

Si les dits petits commerçants arrêtaient de vouloir se faire des marges d'enculés sur les dits produits, peut-être qu'ils en vendraient plus