Bonjour,

Je suis un jeune homme de 22 ans et, comment dire, je pense avoir eu une des vies les plus tristes et malheureuses en France, et je souhaite vous raconter comment je compte remonter la pente. Je vous préviens, ça risque d'être assez violent.

Pour commencer, j'ai été élevé par une mère seule, j'ai une petite sœur qui a aujourd'hui 20 ans. Elle est handicapée (dysphasique). Lorsque nous étions petits, notre mère se mettait à nous frapper, on prenait des coups sur les genous et de ceinture. Lorsque j'avais 7 ans, c'est à ce moment là que notre mère s'était mise à nous injurier, vous l'aurez compris, ma sœur et moi-même étions maltraités physiquement et verbalement. J'étais personnellement turbulent à l'école bien qu'étant très réservé, je n'avais pas trop d'amis et j'aimais quand même ma mère. Je voyais très peu mon père qui ne se préoccupait pas de ses enfants. Il m'avait offer une GameCube à 4 ans et j'étais très vite tombé addict aux jeux vidéos. Ma mère me laissait y jouer toute la journée. 

Arrivé au collège, j'étais un enfant très anxieux socialement. Notre mère nous criait dessus toute la journée et nous humilait devant les gens lorsque nous sortions dehors, forcément ça n'a pas aidé. Je me suis donc fait harcelé au collège, mais la vie à la maison était tellement difficile que j'etais limite content d'aller au collège. Je n'ai pas su me faire d'amis et je suis devenu le pseudo-ami d'un collègien, on se voyait pour jouer à la console mais on était chacun de nous deux le bouche-trou de l'autre.

Arrivé à l'âge de 12 ans, j'étais un enfant dépressif, qui n'en pouvait plus. Un jour, lorsque ma mère me frappait, j'ai rendu les coups. Je m'en suis tellement voulu que je voulais me suicider. Je me suis enfermé pendant plusieurs heures dans les toilettes avec un couteau à pleurer et à me demander si j'allais le faire ou non. Ma mère, quant à elle, m'incitait à mettre fin à mes jours, de ses propres mots je cite "Tu peux te suicider, j'en ai rien à foutre, ça fera un con de moins sur Terre". À 12 ans. Le scénario est arrivé fréquemment derrière. La situation était tellement compliquée que je pensais sincèrement que j'étais un enfant maudit qui aurait écopé d'une punition...

Par ailleurs, il se trouve que ma mère a une haine incompréhensible envers les hommes (sûrement à cause de mon père, que je voyais en moyenne une fois par an pour Noël). Depuis, elle a développé une profonde haine contre moi et a préféré ma sœur. Ma sœur en profitait pour me faire des crasses et allait reporter à ma mère que je l'embêtais, elles s'appuyaient aussi toutes deux sur l'handicap de ma sœur. Je me prenais derrière souvent des coups que je rendais quand je n'en pouvais plus. Ma mère répendait dans le quartier la rumeur comme quoi je la battais, et m'humiliait davantage en public en haussant la voie du fait que je la frappais. Je me sentais terriblement seul, je me refugiais derrière les jeux vidéos et il m'arrivait de me taper la tête contre le mur lorsque j'etais seul à la maison.

Arrivé au lycée, rebelote, harcelé par ses propres nouveaux amis. Ma mère a fait appel a une association de femmes battues et a porté plainte contre moi lorsque j'avais 15 ans pour coups et blessures. Elle avait décidé de faire pression avec la gendarmerie et les faisait souvent venir à la maison. Pour vous dire, elle a déjà fait appel à eux pour une histoire de micro-ondes. De mon côté, j'étais plus anxieux que jamais, je parlais très peu, et j'étais rongé par la dépression, l'ennui et la solitude. Un jour, elle m'a tabassé à sang puis a appelé les gendarmes qui se sont rendu compte qu'elle était folle. Pourtant, ils sont repartis bredouille et n'ont absolument rien fait. Arrivé aux seconde et troisième années de lycée, je n'étais plus harcelé mais je n'avais toujours pas d'amis. Du collège au lycée, j'étais assez pot de colle envers des petits groupes d'amis, qui me rejetaient.

Après le bac, j'ai décidé de profiter de mes études supérieures pour aller étudier assez loin du domicile familial, en me rapprochant de mon père et de mes grand-parents paternels. J'etais hébergé le week-end par la copine de mon père de cette époque pendant quelque mois (ils avaient aussi un petit garçon, avec lequel je m'entendais bien) puis je suis allé le reste de l'année chez mes grand-parents. J'ai fait un an de PREPA, je ne savais pas quoi faire mais je voulais assurer de quoi gagner ma vie. La vie chez ma belle-mère était compliquée, mon père se comportait comme un abruti et l'injuriait de tous les noms devant le petit. Au bahut, je me suis fait 3 amis, on est sorti un peu et on se voyait tout le temps pour travailler, ce n'est pas le top mais c'était le meilleur parti que j'ai pu tiré des autres. J'étais par contre très dépressif lorsque j'avais commencé mes études, il m'arrivait de ne pas dormir et de pleurer les nuits. Et j'étais également toujours anxieux et assez spécial il faut le dire.

Et malheureusement, cette anxiété m'aura joué des tours. À peine 2 mois après le début de mes études supérieures, j'ai commencé à développer un acouphène. Puis de fil en aiguille, des douleurs... chroniques. Chaque jour, des douleurs incroyablement fortes irradiaient ma mâchoire et mes articulations temporo-mandibulaires, NON STOP. L'acouphene s'est très vite empiré et était très fort et aigu, présent seulement dans l'oreille droite (je l'ai encore aujourd'hui). C'est la conséquence de ce qu'on appelle le bruxisme nocture. Chaque nuit, l'accumulation du stress était converti en une forte contraction de ma mâchoire. J'ai commencé à devenir très dépressif, je n'arrivait plus à dormir, plus à travailler, plus à prendre goût à rien du tout. Les douleurs et la gêne avaient pris le dessus. J'ai consulté 2 ORL, le second m'a filé une gouttière que j'ai porté pendant 9 mois, ça n'a absolument pas résolu le problème. J'ai perdu à ce moment-là le respect de mon grand-père parce que je ne travaillais plus. D'ailleurs, il n'y avait vraiment aucune alchimie entre mes grands-parents et moi, il faut dire qu'en même temps je ne les voyait jamais auparavant. Et je me faisais passé pour un branleur auprès de mes camarades, je n'ai vraiment eu aucun soutien.

J'ai passé l'année à souffrir le martyr, absolument personne ne pouvait rien faire pour moi, je pleurais tous les jours. En fin d'année, j'ai eu un pic d'extrêmes douleurs pendant 2 mois, je pense que beaucoup de personnes auraient mis fin à leurs jours à ma place tellement ces douleurs étaient importantes.

Arrivé à mes 18 ans donc (j'allais sur mes 19), au moment de choisir si j'allais continuer la PREPA ou non, j'ai finalement décidé de faire une licence de Mathématiques. C'était seulement pour ne pas rentrer chez ma mère. J'avais obtenu un appart aux crous et je rentrais toujours chez mes grands-parents. J'etais un étudiant dépressif qui avait des envies suicidaires permanentes lorsque j'allais étudier. C'est parce que j'avais toujours ces douleurs et cet acouphène. L'addiction aux écrans avait complètement pris le dessus.

Là on va rentrer dans une période très sombre, probablement la plus sombre de ma vie. J'ai séché une partie des 2 premiers mois parce que ça n'allait pas, puis j'ai séché carrément toute l'année. J'étais tous les jours de la semaine enfermé dans le noir durant l'année, affalé dans le lit à jouer à des jeux ou à regarder des videos sur Youtube pour éviter de penser au suicide. J'étais sale, je ne me douchais presque pas, j'avais développé une peur de la foule et des gens, donc je faisais très peu les courses, je ne mangeais presque plus, si j'avais une interaction avec une autre personne (la boulangère du coin par exemple), j'en tremblais de stress et je beguyais. Je jettais mes déchets par terre dans l'appart. J'avais laissé jusqu'à 32 sac poubelles dans l'appart parce que j'avais honte qu'on puisse me voir les sortir. Oui, 32 sac poubelles dans un 18 mètres carré, sachant que je mangeais très peu, je vous laisse imaginer le temps qu'ils sont restés dans l'appart, il a fallu une intervention de mes grand-parents lorsqu'ils ont débarqué par surprise. De la moisissure commençait à apparaître, je ne faisais presque pas la vaisselle, ça puait le rat crevé. Je fabulais à l'idée de devenir footballeur professionnel alors que je foutais rien. Je suis tombé addict au porno, je me masturbais 1, 2, 3 fois par jour. J'ai tenté de me faire aider par des professionnels de santé, notamment une psychologue, un ostéopathe (pour ma mâchoire), et des ORL. La psychologue n'a pas su m'orienter, et mes problèmes de santé étaient toujours pesant. J'etais devenu fou et j'avais des crises de rires forcés. J'ai déboursé près de 3000€ dans les jeux en ligne avec l'argent de ma bourse. J'avais derrière des impayés et on est venu me voir pendant que je dormais un après-midi, je vous laisse imaginer la honte, j'ai dû mettre 3min à ouvrir pour m'habiller, cacher les déchets par terre et j'ai à peine ouvert la porte pour éviter que l'odeur s'y échappe. J'ai pu derrière payer ma dette, j'avais une bourse échelon max parce que ma mère était pauvre et ne travaillait pas.

Je me suis résigné à arrêter mes études et à rentrer chez ma mère le temps de me soigner. À la maison, les échanges de coups ont repris et c'était une continuité de ce que je faisais pendant ma licence : j'étais toujours affalé dans le lit à rien faire. Ma sœur a été méprisante et parlait ou chantait toute la nuit, donc je passais encore plus de nuits blanches que d'habitude. Je vivais la nuit et je dormais la journée. Ma mère a de nouveau fait pression avec la gendarmerie, et me mettait maintenant souvent à la porte. Il y avait des jours où je dormais à l'hôtel. Je payais mes frais. Un jour, j'ai décidé de partir parce que je n'en pouvais plus. Ma mère a appelé la gendarmerie qui a contacté un hôpital pour me conduire en unité psychiatrique. Je suis resté une semaine, j'ai pu voir psychologue et psychiatre, mais derrière je n'ai eu aucun suivi et je suis retourné chez ma mère parce que pas le choix.

Ensuite, à l'aide de la mission locale, j'avais trouvé un travail en chantier d'espaces verts. C'était assez physique et ne mangeant presque pas le travail était par conséquent compliqué. Je ne me faisais pas respecter par les collègues de travail. Un collègue m'a hébergé chez lui plusieurs semaines puisque ma mère en profitait pour me mettre à la porte. Enfin, "chez lui", puisque c'était un rasta SDF, il me faisait dormir sur son terrain dans sa caravane et m'utilisait de manière malsaine pour effectuer toutes sortes de tâches. J'étais son larbin. Ma mère a entre-temps déposé une seconde plainte, j'ai eu droit à une convocation au tribunal avec elle (simple mise en garde sans plus), mais maintenant je suis fiché avec mon profil et mes empruntes.

Après 11 mois chez ma mère, cette dernière m'a reconduit vers une chambre chez l'habitant pour que je puisse y habiter temporairement. De nouveau, je me suis laissé tombé, comme pendant la période de la licence, sauf que cette fois je n'étais pas enfermé dans le noir et je faisais un peu plus souvent le ménage. Le proprio, voyant mon cas, m'a évidemment pris pour un malade mental et à raison. Je suis, attention alerte sensibilité et tabou, devenu pédophile le temps de 6 mois environ. Je pense que vous avez compris, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails, mais c'est aujourd'hui quelque chose qui me pèse parce que je suis passé par là, c'est un point de non-retour dans une vie. J'ai ensuite quitté mon travail au bout de 9 mois. Je n'ai rien fait. Pas passé de permis. Rien. Pas de projet pro. Rien. Toujours sur les écrans à rien faire ou à dormir la journée.

Aujourd'hui, je ne veux pas donner ma situation actuelle pour garder un certain anonymat, mais j'ai maintenant 22 ans. Je compte utiliser mes 6 prochains mois pour manger sainement, faire du sport, me cultiver, m'entraîner à gérer mon stress, obtenir mon permis et une voiture, grossir, me muscler, je démarre un boulot bientôt. Je souhaite exercer ensuite dans un domaine où je pourrais voyager, et me trouver une petite amie. Le fait d'être vierge me pèse aussi. Le fait de ne jamais avoir de petite amie avant mes 22 ans me la fout mal.

Ce qui me pèse surtout, c'est d'être passé par la case "pedo" et de m'être laissé tomber les 3 dernières années. 3 ans... à rien faire... 16h de moyenne par jour sur l'écran... j'en suis malade. Il y a 2 semaines, je voulais en finir. J'ai passé des coups de fils, et j'ai été reconduit en unité psychiatrique, où je me suis rendu compte que je n'étais en fait pas addict aux écrans, qu'il me suffisait de voir des gens pour aller mieux.

Je suis rentré avant-hier et je me laisse de nouveau tombé, c'est devenu une habitude. Mais je n'ai jamais été aussi conscient que maintenant. Si je dois bouger, c'est maintenant. Si je passe la dépression, c'est gagné, je le sais.

Je souhaite savoir ce que vous en pensez, si vous pensez que je suis un être infâme ou si je n'ai juste pas eu de chances et que je suis devenu le fruit des influences de mon entourage.

Je n'ai encore jamais eu une personne pour qui j'ai eu de l'affect amicale ou amoureuse, et vice-versa. C'est dur de vivre dans la solitute. J'ai un appart actuellement. 

Je souhaite de tout cœur devenir quelqu'un de bien, inspirer le respect envers les autres. Je me souhaite de trouver l'âme soeur et rendre cette personne la plus heureuse qu'elle puisse être. Je me souhaite de devenir heureux, je n'abandonnerai pas avant d'avoir essayé quelque chose, je gère d'ailleurs mon stress mieux qu'avant, je suis actuellement suivi.

Je vous écris en pleurs, sur un coup de détresse, en espérant que je sois lu et que je n'aurais plus à revoir ce message. Merci d'avoir lu et écouté ce que j'avais sur le cœur. Des bisous.