L'amour, comme tout ce qui transcende la logique pure, exige une forme d'abdication devant l'inconnu. Se dire "débile" pour aimer, c'est peut-être reconnaître que l'intelligence seule est impuissante à saisir ce qui se joue au-delà du calcul et du contrôle. L'amour vrai n'est pas l'absence de lucidité, mais le consentement à une vulnérabilité radicale : il faut accepter de perdre ses certitudes pour laisser l'autre révéler des parts de soi-même que la raison ignore. Les fous d'amour, de Didon à Tristan, ont souvent péri, mais leur folie a écrit des mythologies bien plus durables que les prudences des sages. Peut-être la vraie sottise est-elle de croire qu'on peut vivre sans ce risque… ou de le mépriser avant d'en avoir saisi l'écho en soi.