Je croyais avoir trouvé quelque chose de rare. J'aimais son calme, son détachement, ce côté un peu bloomer, hors du tumulte. J'étais même d'accord avec le fait d'être en désaccord : ça donnait du relief, je pensais.

J'étais attachée, vraiment. Assez pour recréer notre couple dans les Sims 2. Juste nous deux, comme une répétition du réel. Je passais des heures à peaufiner chaque détail, à projeter ce qu'on n'était même pas encore. Puis un jour, la honte m'a rattrapée. J'ai quitté le jeu, brutalement, prise de vertige devant l'abondance ridicule de mes émotions.

Et maintenant, il m'écœure.

Son rire me donne envie de me cogner contre un mur. Son regard niais, toujours en décalage avec mon vide émotionnel, me fout la gerbe. Sa façon de siroter son thé, comme s'il voulait qu'on entende à quel point il est apaisé, me donne des envies de hurler.

Et ses anglicismes à la con. « Minmax », « mindset »… Il est obsédé par l'idée de se perfectionner à l'extrême, comme un robot qui croit qu'il peut atteindre l'ultime version de lui-même. Quand il perd, il rigole jaune, balançant des blagues sexistes pour me provoquer, pensant que ça me fera rire. Mais il ne fait que me dégoûter un peu plus.

Je le regarde et je me demande : c'est ça, ce que j'ai aimé ? J'ai eu envie de crever pour ce mec. Maintenant, sa simple présence m'énerve. L'idée de lui me vrille le crâne comme un grincement de métal rouillé.

Il n'a pas changé. C'est moi qui ai ouvert les yeux. Et parfois, je regrette presque de les avoir ouverts.