J'ai bossé dans le privé, et il y a trois ans, j'ai eu l'occasion de faire une petite escapade dans le public. Sans entrer dans les détails, même si la paie était forcément moins élevée, j'occupais un poste à très haute responsabilité, le genre de tremplin parfait pour un futur pantouflage en bonne et due forme. Pour donner une idée du niveau, je croisais régulièrement dans les couloirs des têtes bien connues.

L'extrême inefficacité de l'appareil étatique est terrifiante. Vraiment. Ça me fait peur de voir ça de l'intérieur. Pour faire bouger la machine, ne serait-ce que d'un iota, il faut mobiliser des ressources délirantes : du temps, une armée d'agents, et des sommes astronomiques d'argent public. Un gouffre sans fond.

Mais par-dessus tout, je n'ai jamais vu autant de personnes aussi imbues d'elles-mêmes, persuadées de leur supériorité naturelle. Un festival d'égo surdimensionnés, chacun se prenant pour un stratège de génie, alors qu'en réalité, ils brassent de l'air à longueur de journée.

Avant, je n'étais pas du genre à caricaturer les politiques dans leur tour d'ivoire, je trouvais ça grotesque, une image d'Épinal simpliste. Mais force est de constater que c'est la réalité. La majorité ne bosse pas. Pas au sens où ils ne font rien - ils sont constamment en mouvement - mais ils ne produisent rien. Ils sont juste très occupés… à être occupés. Des journées entières à enchaîner réunions, notes, comités, sans qu'aucune valeur ajoutée n'en ressorte. Le peu de travail tangible, ce sont les oompa-loompas des cabinets qui s'en chargent, inlassablement, produisant des rapports à la chaîne, que personne ne lit vraiment.

Et ce constat ne se limite pas aux ministères. C'est la même chose à tous les niveaux, jusqu'aux directions générales.

Un an à l'intérieur du système a suffi à transformer un homme presque de gauche en un anarcho-capitaliste