Ils étaient au nombre de sept. De toutes les tailles et de toutes les formes. Trois femmes et quatre hommes. Aucune des femmes n'était attirante. Tous étaient habillées de façon très élégante, tous sauf un. Un homme d'un certain âge, maigrelet et le dos voûté , le crâne chauve malgré une poignée de cheveux éparpillés, les yeux cernés et donnant l'impression qu'il pouvait rendre l'âme à tout instant.

L'un d'entre eux pris la parole. Un homme lui aussi assez âgé mais très grand et de corpulence robuste. Il commença à expliquer de manière sommaire le fonctionnement de l'année.

Guillaume parcourut du regard tout l'amphitéâtre. Il était plus intéressée par la perception que les étudiants avaient du discours que du discours lui-même. Son regard s'arrêta sur son voisin de table. Celui-ci prenait rapidement des notes, l'air très sérieux. Guillaume se rendit compte qu'il n'avait toujours pas sorti de quoi écrire. En balayant à nouveau l'amphitéâtre du regard, il eut l'impression qu'il était le seul. Il se dépêcha de sortir son trieur et un stylo, posa une feuille sur sa table et écrit en haut de la feuille, au milieu, "Pré-rentrée". Il jeta à nouveau un oeil sur son voisin qui était en train de table gratter sur sa feuille, l'air déterminé. Lui, contrairement à Guillaume, il était là pour faire du droit. Guillaume se mit encore une fois à observer ses condisciples, puis, soudain, il les vit tous rire aux éclats. Guillaume se demanda ce qu'il se passait. Il se tourna vers le professeur qui était en train de parler et le vit sourire en continuant à parler. Les autres professeurs souriaient aussi. Tous sauf le professeur maigrelet. Guillaume comprit que le professeur venait de faire une blague. Il se tourna en direction de son voisin de table. Celui-ci arborait un sourire en coin. Guillaume, se sentant très mal, se reprit rapidement et décida d'écouter les professeurs.

Quatre d'entre eux avaient déjà pris la parole, Guillaume avait pris quelques note, sans conviction. Puis vint le tour du professeur maigrelet. Celui-ci se mit à parler. A ce moment-là, tout le monde se tut. Lorsque les professeurs précédents avaient pris la parole, on entendait encore quelques murmures, quelques bruits. ici, non. Le silence était absolu. Guillaume lui-même était subjugué. La voix de cet homme irradiait l'amphithéâtre. Il était professeur d'histoire du droit et expliquait lentement mais fermement, d'une voix roque, les enjeux de la discipline qu'il enseignait ainsi que le contenu du programme de première année et d'autre considérations d'ordre administratif. Guillaume n'avait quasiment pris aucune note, mais il avait tout retenu.

Il restait encore deux professeurs. Guillaume commençait à devenir anxieux. Sans véritablement savoir pourquoi, il avait une envie incompressible de changer de place. N'osant pas le faire durant le monologue de la professeure, il décide d'attendre qu'elle eut terminé. Elle termina. Guillaume, avec une montée d'adrénaline, se leva brutalement de son siège et celui-ci claqua violemment en se refermant. Les trois quarts des étudiants et tous les professeurs avaient le regard tourné en direction de Guillaume. Il entendait des murmures et des petits ricanements. Guillaume se mit à penser que l'année était d'ores et déjà gâchée. Il valait peut-être mieux ne plus venir. Il était peut-être possible de changer de filière, de postuler pour de l'intérim, de rester chez lui. Tout en réfléchissant à ces différentes possibilités, il s'assit sans rien dire sur le siège juste derrière lui. Là, il se demanda encore ce qui s'était passé dans son cerveau pour qu'il veuille ainsi changer de place.

Le temps de parole des professeurs étaient terminé. Quelques étudiants posaient des questions. La pré-rentré était terminée.