Il n'a pas cillé, il a gardé son crâne ras vers le bas, les bras croisés sur son ventre, dans son étrange posture de Monsieur Propre. L'ancien boxeur Jean-Michel Moulun a été condamné à la perpétuité par la cour d'Assises de Montpellier pour l'assassinat de Madame K., une ancienne institutrice retrouvée décapitée voilà trois ans dans sa villa d'Agde, tête posée sur la table en marbre du salon, corps à terre. Les jurés ont délibéré en à peine une heure et demie. Un échec pour la défense qui a dix jours pour éventuellement interjeter appel et qui devrait le faire.

Il fallait a minima convoquer les grands hommes pour essayer d'en sauver un qui s'était rêvé beaucoup trop grand, qui se projetait champion, qui ne l'a été qu'en Flandres. Josy-Jean Bousquet, 50 ans de plaidoirie, ancien escrimeur, qui connaît l'art donc de toucher, avait demandé la bienveillance pour "notre ami Moulun", en convoquant, d'abord Lacan qui a théorisé que "l'homme est le seul animal qui tue sans nécessité", puis Sartre, qui a ponctué son oeuvre ainsi : "Tout un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et qui vaut n'importe qui..."

Jean-Michel Moulun, l'assassin, vaut-il Evelyne K., sa victime ? Des mots pouvaient-ils empêcher la perpétuité réclamée sans concession par l'avocat général ? Ses deux avocats n'avaient bien sûr, pas suggéré quelconque égalitarisme......

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