Non mais la version de l'Islam c'est juste ce qu'on appelle du "docétisme" qui était une hérésie chrétienne. Globalement faut comprendre que la vision du Christ dans le Coran est une réunion d'un peu près tout ce qui a été jugé comme hérétique au cours des premiers siècles du christianisme.

C'est pour ça qu'en un sens y'a rien d'original dans le Coran par rapport au Christ.

L'idée que Jésus n'a pas été crucifié mais qu'on a tué un "faux-semblant" ça rejoint l'idée gnostique que le Christ n'était pas véritablement incarné, ni véritablement homme, que ce n'était qu'une apparence, un simulacre au sens de Platon. D'ailleurs le gnosticisme prenait en partie racine dans le platonisme.

Quelque part l'Islam a toujours été plus proche de la métaphysique dualiste de Platon que ne le fût le christianisme qui affirmait que la Vérité et l'Apparence ne faisait qu'un (en théologie on appelle ça l'union hypostatique) et qu'il est donc valide de dire que Dieu a été crucifié, qu'il a saigné, qu'il est mort puis est ressuscité, ce que rejette l'Islam mais ce qu'aurait aussi rejeter le platonisme. Si on comprend les enjeux métaphysiques du christianisme on comprend que c'est un rejet de tout dualisme et un rejet de tout essentialisme qui réduirait le réel à sa modalité essentielle. C'est l'idée que si la Réalité est une (monothéisme) sans être multiple alors l'on crée une dualité irréductible entre ce que la Réalité est (une) et ce qu'elle n'est pas (multiple) ce qui revient à créer une fissure au sein même du Réel et à nier son unicité. Si bien que c'est celui qui par essentialisme est dans le monothéisme pur, réduisant ainsi le réel à sa modalité essentielle, qui paradoxalement nie le monothéisme et s'écarte de la non-dualité intégrale.

Pour ceux qui connaissent un peu l'hindouisme l'affrontement théologique entre chrétiens et musulmans est semblable à celui entre l'Advaita Vedanta de Shankara et le Shivahisme du Cashemire d'Abhinavagupta.