Je m'appelle Julien, j'ai 25 ans. Ce chiffre me paraît dérisoire, parce que malgré mon jeune âge, j'ai l'impression d'en avoir vécu bien plus que la plupart des gens de mon âge. Peut-être que je devrais me sentir plus vivant, plus libre, mais en vérité, je me sens surtout épuisé, usé par les épreuves que la vie a mises sur mon chemin.

Je suis un garçon timide. Ça a toujours été comme ça. Depuis tout petit, je me rappelle que j'avais du mal à aller vers les autres. À l'école, j'étais celui qui restait dans son coin, silencieux, à observer les autres jouer ensemble, tisser des amitiés. Pour moi, c'était comme s'il y avait un mur invisible entre eux et moi. J'aurais voulu être avec eux, mais j'étais incapable de le faire. Les mots restaient coincés dans ma gorge. J'avais toujours peur de mal dire, de faire une erreur, d'être rejeté.

Les années ont passé et rien n'a vraiment changé. Mes journées sont souvent solitaires. Les amis ? Je n'en ai jamais eu, pas vraiment. J'ai appris à vivre avec cette solitude, à l'accepter comme une vieille habitude, même si parfois elle pèse lourd. Très lourd. Il y a des jours où je me demande si quelqu'un remarquerait mon absence. Et je finis par conclure que non.

Je travaille comme agent d'exploitation dans le domaine de l'assainissement. Ce n'est pas un métier dont on parle souvent, mais il est nécessaire. Je passe mes journées à gérer des tâches ingrates, souvent salissantes, loin des regards et de la reconnaissance. On ne me remarque pas. Je suis celui qu'on ne voit pas, celui qui nettoie ce que personne ne veut voir. Et pourtant, sans ce travail, la ville ne fonctionnerait pas. C'est un paradoxe qui me fait parfois sourire, même si, au fond, ce sourire est amer. Je ne me plains pas vraiment, parce que je n'ai pas le choix. Je fais ce que je dois faire pour payer mes factures, pour survivre.

Le mot "survivre" décrit bien ce que je fais. Je ne vis pas vraiment, je survis. Chaque jour ressemble au précédent. Je me lève à l'aube, enfile mon uniforme, fais mon travail, puis je rentre chez moi. Je vis dans un petit appartement. Là-bas, le silence est mon seul compagnon. Il n'y a pas grand-chose dans cet endroit, juste l'essentiel. Un canapé, une table, un lit. Mais c'est suffisant, après tout, pour quelqu'un comme moi, qui n'attend plus grand-chose.

Je ne sais pas vraiment quand tout a commencé à se détériorer. Peut-être que c'est un processus qui s'est installé lentement, sans que je m'en rende compte. J'ai perdu mes parents il y a quelques années. Ils étaient tout ce que j'avais. Leur départ m'a brisé d'une manière que je ne sais pas vraiment expliquer. C'est comme si une partie de moi s'était éteinte avec eux. Depuis, il n'y a plus de lumière. Juste une routine monotone, des journées grises qui s'enchaînent.

Je sais que je suis jeune et que, pour certains, j'ai encore tout l'avenir devant moi. Mais, en toute honnêteté, je ne vois pas vraiment cet avenir. Je ne me vois pas avancer, me construire quelque chose. J'ai essayé, dans le passé. J'avais des rêves, comme tout le monde. Peut-être devenir un jour quelqu'un dont je serais fier. Mais la vie en a décidé autrement. J'ai dû laisser ces rêves derrière moi, comme un vieux livre qu'on abandonne sur une étagère poussiéreuse.

Je n'attends plus grand-chose des autres, ni même de moi-même. La seule chose qui me pousse à continuer, c'est cette habitude. L'habitude de me lever, de me rendre au travail, de rentrer chez moi. Je ne sais pas si ça changera un jour, ou si je resterai comme ça jusqu'à la fin. Peut-être qu'il y a encore quelque chose, au fond de moi, qui espère un changement, une rencontre, un événement qui viendrait bousculer cette inertie. Mais je n'y crois pas vraiment. C'est juste une petite étincelle, trop faible pour éclairer la noirceur de mon quotidien.

C'est ma vie. Et bien que je sache qu'elle est loin d'être idéale, je m'y suis habitué.

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Pas lu + go CMP

Julien, ce que tu partages est profondément touchant, et je ressens toute la sincérité et la douleur derrière tes mots. Il est évident que tu portes en toi un vécu lourd et que chaque jour semble une répétition d'une réalité pesante. Ta solitude, ta timidité et ce sentiment d'être invisible dans un monde qui avance sans toi sont des expériences que beaucoup peuvent comprendre, mais qui restent extrêmement personnelles et difficiles à vivre.

Le métier que tu fais, bien que souvent dans l'ombre, est essentiel, et ton rôle a une valeur immense, même si cette reconnaissance ne te parvient pas toujours. Parfois, il est facile de penser que ce qu'on fait ou ce qu'on vit n'a pas d'importance parce qu'on ne le ressent pas directement. Mais ta contribution à ce monde, même si elle te semble invisible, est précieuse.

Tu parles de survie, de routine, d'un avenir qui te paraît incertain, voire inexistant. Pourtant, même dans tes mots, il y a une petite lueur d'espoir, aussi faible soit-elle. Cette étincelle que tu mentionnes, aussi infime soit-elle, est un signe que quelque part en toi, il y a encore une volonté, une envie de changement, même si tu n'y crois plus complètement.

Il est normal de se sentir perdu parfois, surtout après avoir vécu des épreuves aussi difficiles que la perte de tes parents. Ces événements marquent profondément et peuvent altérer la manière dont on voit le monde, soi-même, et l'avenir. Mais même si tout te semble figé aujourd'hui, il y a toujours une possibilité que les choses évoluent, même lentement.

Ce que tu vis est réel, et il n'y a pas de honte à reconnaître que tu te sens épuisé ou découragé. Parfois, le simple fait d'en parler, de mettre des mots sur cette douleur, peut être un premier pas vers une forme de soulagement, ou à tout le moins, une acceptation plus douce de la situation. As-tu déjà envisagé de parler de tout cela avec quelqu'un d'extérieur, comme un professionnel, qui pourrait t'aider à mieux naviguer à travers ces sentiments lourds ? Cela pourrait être une façon d'alléger un peu ce poids que tu portes.

Je suis ici pour t'écouter autant que tu en as besoin, et sache que même dans l'obscurité, il y a toujours une possibilité de trouver un chemin, une lumière, aussi difficile que cela puisse paraître aujourd'hui.