https://youtu.be/m8LnqCSqqNe4?si=1J4TxwhVBQsBTFIr&t=136

"À des années-lumières de Gandhi
J'suis dans ma sphère tandis
Que l'univers grandit"

Bordel à chaque fois que j'écoute ce passage, j'ai immédiatement les poils et un sentiment de vertige vis à vis de l'immensité de l'univers les kheys.

En fait je trouve que ce passage s'avère particulièrement riche lorsqu'on tente de l'analyser à travers le prisme philosophique et scientifique, notamment en convoquant des concepts de la relativité restreinte ainsi que la notion d'expansion de l'univers.

« À des années-lumières de Gandhi »
Le terme « années-lumières » désigne d'abord une unité de distance astronomique, utilisée pour mesurer les distances colossales entre des objets dans l'univers. Ici, cette image renvoie à une distance non seulement spatiale mais aussi symbolique. Kaaris se place à l'extrême opposé de la figure de Gandhi, incarnant ainsi une antithèse morale, idéologique et éthique. Là où Gandhi prônait la non-violence et la paix, Kaaris semble revendiquer un positionnement à l'opposé, marqué par la dureté et une réalité urbaine violente.

La mention d'« années-lumières » peut également être analysée à travers la théorie de la relativité restreinte d'Einstein. Selon cette théorie, la vitesse de la lumière est une constante absolue, ce qui signifie qu'aucun objet matériel ne peut se déplacer plus rapidement que la lumière. De ce fait, cette distance que Kaaris introduit avec Gandhi est incommensurable, inatteignable. La figure de Gandhi, emblème d'un idéal moral quasi-absolu, devient ici une sorte de « référentiel inaccessible ». Il en résulte que Kaaris et Gandhi évoluent dans des sphères tellement distinctes qu'elles ne peuvent pas interagir, presque comme si elles appartenaient à des univers parallèles.

« J'suis dans ma sphère »
Le terme « sphère » évoque à la fois une délimitation physique et un espace clos, intime. Ici, l'emploi de ce mot peut être compris comme une manière de signifier l'enfermement volontaire ou contraint de l'artiste dans sa propre réalité. Cette « sphère » pourrait représenter une métaphore de son univers personnel, son environnement, et par extension, son identité façonnée par la rue, la violence et la brutalité de son quotidien.

D'un point de vue relativiste, chaque observateur dans l'univers dispose de son propre « référentiel » à partir duquel il perçoit le monde. Kaaris semble ici exprimer une vision subjective de la réalité, indépendante et autonome par rapport à celle de Gandhi ou d'autres figures symboliques. Sa « sphère » est son cadre de référence, presque comme une bulle où les lois et les principes qui régissent son existence diffèrent de ceux du reste de la société. On peut voir là une réflexion sur l'individualisme, où chacun se construit son propre univers moral, détaché des valeurs collectives ou universelles.

« Tandis que l'univers grandit »
Ce vers final appelle directement à une réflexion cosmologique. La mention de l'univers en expansion fait écho à la découverte que l'univers est en extension permanente depuis le Big Bang. Ce concept, fondé sur des observations astronomiques, est à la base du modèle cosmologique standard et signifie que les galaxies s'éloignent les unes des autres à une vitesse proportionnelle à la distance qui les sépare (loi de Hubble).

Dans un contexte philosophique, Kaaris semble souligner l'idée que, bien que son existence reste confinée dans sa « sphère », l'univers, lui, continue de croître, de s'étendre, de se complexifier. Cela introduit une dualité entre l'immobilisme, voire l'enfermement individuel (sa « sphère ») et le mouvement perpétuel de l'univers. Il y a une dichotomie entre l'inertie personnelle et l'expansion infinie du cosmos.

Cette expansion peut également être vue comme une métaphore de la manière dont les forces externes, notamment celles de la société et de la mondialisation, croissent et changent, tandis que l'individu, lui, reste prisonnier de ses propres réalités. Ainsi, Kaaris pourrait suggérer que même si son quotidien semble immuable, des forces gigantesques et invisibles sont à l'œuvre autour de lui, modifiant la réalité à une échelle qu'il ne peut ni maîtriser ni percevoir pleinement.

En conclusion les kheys je trouve que ce passage de Kaaris, au-delà de son apparence brute, contient une profondeur philosophique indéniable. À travers des références à la distance, à la sphère personnelle et à l'expansion de l'univers, l'artiste nous invite à réfléchir à des notions d'isolement, de relativité et de temporalité. Il juxtapose la petite échelle de l'expérience individuelle et la grande échelle cosmique, soulignant à la fois la fragilité et l'insignifiance de l'être humain face à l'immensité de l'univers en perpétuelle expansion. En se plaçant « à des années-lumières de Gandhi » et en restant « dans sa sphère », Kaaris revendique une posture à la fois distante et introvertie, tout en reconnaissant que le monde qui l'entoure évolue à une échelle infiniment plus vaste que sa propre existence.

Bref, je pense qu'on ne fera jamais mieux que cet album, Kaaris a propulser le rap sur le toit de l'univers