Sa vidéo réponse à Punisher a été produite de manière instinctive et nous offre un panorama de ses troubles. Pendant 16 minutes on est dans son univers mental, on enchaîne tout et n'importe quoi, c'est sans doute très proche de la confusion mentale qui l'affecte. C'est peu structuré, les idées sont simples voire mécaniques, la forme prend le pas sur le fond, il juxtapose des mimiques grotesques tirées de cartoons où la symbolique et l'animation rendent accessibles des concepts que les mots lui refusent, il reproduit ce qu'il associe à des postures désinvoltes et supérieures.

A cette attitude narcissique, il mélange des représentations physiques de ses pulsions et de ses constructions mentales. Le minotaure choisi pour incarner le dialogue intérieur est l'image de la duplicité morale et sexuelle qu'il serait le seul à assumer, source de son originalité et de notre jalousies. Le plombier, dans un mouvement de balancier autistique censé symboliser les haters, renvoie à sa propre détresse face à la violence du monde extérieur.

L'interlude inaudible et proche de l'ASMR rappelle la dysphasie à l'origine de ses difficultés à penser et à communiquer. Une fois privé de distractions, son esprit déstructuré divague. Il bredouille, il babille, il fait du bruit, il fait de l'inaudible pour se relaxer. Incapable d'articuler un langage cohérent et construit, il singe le langage des hommes par la répétition d'un mantra rendu inintelligible. En nous soumettant à cette expérience sensorielle, il nous initie à sa propre impuissance, cette fois d'une manière asphyxiante et angoissante.

L'apothéose vient quand il se livre à un exercice d'improvisation. En articulant les premiers mots qui lui passent par la tête, quand il ne proviennent pas d'objets de son entourage immédiat, il met à nu la petitesse de sa vie intérieure. Les références sont toutes connues, vues et revues, il est vraiment la somme de ces quelques vidéos qu'il produit en boucle, il est une éponge gorgée des obsessions tapissant les murs de sa prison berjallienne.