Je dis ça du haut de ma belle personne, renaf que vous remettiez en cause ma beauté, là n'est pas le sujet, je parle de sensation

Je n'ai jamais eu de problème pour avoir des copines depuis le lycée, j'ai baisé un nombre ineffable de fois, avec des crasseuses comme avec des jeunes prudes. C'étaient mes années, fastes, mes années sans honte, mes années adolescentes, celles du lycée, de la fac, où le statut n'importe pas.

Mais depuis un an que je suis entré dans le monde du travail après avoir abandonné la fac pour voyager ici et là sur mes économies accumulées au cours de mes jobs étudiants, je me retrouve à faire un taff de merde dont j'ai si honte que je n'ose plus initier une seule relation sérieuse. Je ne peux plus baiser que des meufs d'un soir cause de ça.

Je m'explique, les gars qui font le même taff que moi sont des types rabougris, fatigués de la vie, sans élégance, sans goût, sans prestance, s'habillant comme d'implacables ploucs, bref, de vrais kheys en somme, dont la valeur sociale est de zéro. MAIS, leur physique colle à ce métier, ce sont des merdes apparentes exerçant un métier de merde véritable, aussi peuvent-ils s'assumer face au monde

Moi je ne le puis, quand je date une gonze, je n'ose pas lui dire ce que je fais, je bégaie, sachant que si j'avoue j'aurais le droit à ces sempiternels yeux écarquillés doublés de cet insupportable air ébaubi signifiant "comment est-ce possible" ?

Bref, j'étais du genre, il y a quelques années encore, à me foutre de la gueule des frontières sociables tacites instaurées par la différence de statut, me disant que, tant qu'on est beau, on peut bien faire le passe-muraille et les franchir comme autant de monticules minables ; maintenant, je reviens de loin, et je me rends compte qu'il s'agit de véritables montages

Conclusion : quand on est moche, si l'on exerce un métier de merde, les autres s'y attendent et ne vous jugent pas, et si vous êtes moches alors que vous exercez un grand métier, les autres seront surpris car vous aurez au moins ça pour vous, qui tranche sensiblement avec votre immonde laideur.
Parallèlement, quand vous êtes beau, vous n'avez pas d'autres choix d'incarner la rareté et la qualité, vous devez endosser le rôle d'un type qui a réussi en toute chose, au risque de semer l'incompréhension et une certaine forme de dégoût contradictoire : être beau et échouer professionnellement parlant, c'est une insupportable contradiction aux yeux du commun. Beau, on doit être parfait et correspondre aux attentes de l'imagination collective, c'est un enfer

Seconde conclusion, je retourne faire des études à 25 ans