Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close (PS) a réagi à l'envoi, en aller simple, de migrants vers Bruxelles. La secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V) également.

Voici quelques semaines, le président hongrois Viktor Orbán avait menacé d'envoyer des migrants à Bruxelles, capitale de l'Union européenne. Il vient de mettre sa menace à exécution. Ce matin, le porte-parole du ministre hongrois de l'Intérieur Bence Retvari a organisé une conférence de presse devant une dizaine de bus prêts à partir de Röszke - une petite ville à la frontière sud de la Hongrie, direction Bruxelles. Ses bus seront chargés de migrants, dotés d'un ticket "aller simple" pour Bruxelles.

"Si l'Union européenne, si Bruxelles veut forcer la Hongrie à laisser entrer des migrants illégaux que nous avons déjà stoppés des millions de fois à la frontière, alors nous allons offrir à ces migrants illégaux qui le souhaitent un ticket gratuit, en aller simple, pour Bruxelles", a-t-il expliqué ce matin.

"Une pure provocation"
Directement concerné, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close a rapidement réagi à ce qu'il estime être "une pure provocation". "Cela fait un petit temps que la Hongrie brandissait cette menace", explique le socialiste à La DH. "J'avais déjà réagi officiellement, notamment via un courrier envoyé à l'ambassade de Hongrie."

"Nous allons tout faire pour bloquer ces cars à la frontière. J'ai demandé à mon chef de corps de prendre contact avec la police fédérale. On peut identifier ces bus." Sur X, Philippe Close a interpellé le Premier ministre Alexander De Croo (Open-VLD) et la ministre de l'Intérieur Annelies Vanderlinden (Open-VDL).

Pour Philippe Close, Viktor Orban prend une nouvelle fois Bruxelles et l'Union européenne en otage. "Nous devons réagir avec fermeté. Nous sommes de nouveau face à une énième provocation d'un pays profite des subventions de l'Union européenne et de la Belgique mais qui est incapable de comprendre que l'Union européenne, c'est la solidarité entre les pays et non pas la provocation permanente", explique-t-il, proposant carrément que la Belgique revoit le montant des subventions européennes qu'elle donne à la Hongrie.

"Le poujadisme et le populisme commencent à énerver tout le monde. Ce pays est incapable de gérer cette présidence (de l'Union européenne, NDLR). On voit clairement que cela ne les intéresse pas."

"Inacceptable"
"Menacer d'envoyer des réfugiés à Bruxelles est inacceptable", s'est également insurgé Nicole de Moor (CD&V). Pour la secrétaire d'État à l'Asile et aux Migrations, ces déclarations, faites par le ministre hongrois de l'Intérieur, constituent une grave violation des principes fondamentaux de la coopération européenne et de la confiance mutuelle entre les États membres de l'UE.

La secrétaire d'État a demandé à l'ambassadeur de Belgique auprès de l'UE d'interroger son homologue hongrois à ce sujet. Elle demande également à la Commission européenne de réagir "de manière ferme et décisive". Si la Hongrie devait réellement appliquer ces plans, cela signifierait que les migrants traverseraient illégalement le territoire d'autres États membres et arriveraient finalement illégalement en Belgique. Ce qui constituerait une violation des accords européens et internationaux.

La Belgique n'accordera donc pas l'accès aux flux migratoires ainsi instrumentalisés, fait savoir Nicole De Moor." En tant qu'État membre de l'Union européenne, nous devons travailler ensemble sur une politique migratoire juste, humaine et efficace. Le transfert unilatéral des responsabilités par ce type de menaces sape la solidarité et la coopération au sein de l'Union."