La fertilité de la Terre promise est bien plus qu'un simple confort matériel : elle est le signe visible de la bénédiction divine. Dieu ne donne pas une terre quelconque à son peuple, mais un pays qu'il décrit lui-même comme "ruisselant de lait et de miel" (Exode 3,8) : une image forte de douceur, d'abondance naturelle, et de vie en plénitude. Cette terre est "un pays de froment, d'orge, de vignes, de figuiers, de grenadiers, d'oliviers, d'huile et de miel" (Deutéronome 8,8), autrement dit, un lieu où toutes les formes de vie végétale nourrissante sont réunies. Cette profusion n'a rien d'automatique : elle dépend de la fidélité du peuple à l'alliance. Moïse avertit : "Si tu obéis vraiment à la voix du Seigneur ton Dieu [...] alors toutes ces bénédictions viendront sur toi", incluant entre autres "la bénédiction de tes entrailles, de ton sol, de ton bétail, de ton blé, ton vin nouveau, ton huile" (Deutéronome 28,2-4). Cette fécondité touche donc à la fois la terre, le corps, les relations : elle est globale.

Mais cette abondance est aussi pédagogique. Elle enseigne que la vie en Dieu n'est pas une survie pénible, mais une plénitude reçue dans la foi. Comme le dit le Psaume 23 : "Tu prépares la table pour moi [...] ma coupe déborde." C'est dans cette logique que Jésus dira lui-même : "Je suis venu pour qu'ils aient la vie, et qu'ils l'aient en abondance." (Jean 10,10). La terre fertile devient alors une image du Royaume, une anticipation visible de la communion avec Dieu, où chaque chose est à sa place, où la nature elle-même devient alliée.

Ce qui rend cette fertilité encore plus significative, c'est qu'elle suit toujours une étape de privation : l'Égypte, le désert, l'attente. Sans ce détour, la bénédiction serait prise pour acquise, transformée en droit. Or Dieu veut que son peuple désire la terre, qu'il en reconnaisse la valeur, et surtout, qu'il n'oublie jamais que "ce n'est pas par ta force que tu as acquis cette richesse, mais c'est le Seigneur ton Dieu qui te l'a donnée." (cf. Deutéronome 8,17-18). En somme, la fertilité de la Terre promise est une grâce à recevoir avec un cœur formé dans le désert, un fruit de l'écoute, de l'humilité et de l'amour vrai. Elle n'est pas un aboutissement égoïste, mais une fécondité qui rayonne, qui nourrit, et qui bénit autour de soi.