Le phénomène que tu décris met en lumière un des grands mystères de la biologie moderne. En effet, les cellules cancéreuses, lorsqu'elles sont cultivées en laboratoire in vitro (c'est-à-dire en dehors du corps humain), ont souvent du mal à proliférer de manière incontrôlée comme elles le font dans l'organisme. Cela s'explique par plusieurs facteurs, dont un certain nombre restent encore mal compris. Voici quelques éléments possibles qui pourraient expliquer ce paradoxe :

1. Le microenvironnement tumoral : Dans le corps humain, les cellules cancéreuses bénéficient d'un microenvironnement complexe et spécifique qui soutient leur croissance, leur métastase et leur survie. Ce microenvironnement comprend des cellules stromales, des vaisseaux sanguins, des facteurs de croissance et des protéines extracellulaires qui interagissent avec les cellules cancéreuses pour stimuler leur prolifération. Ces éléments ne sont pas présents ou sont mal reproduits dans les cultures in vitro.

2. Les interactions avec le système immunitaire : Les cellules cancéreuses échappent souvent au contrôle du système immunitaire. Elles peuvent s'adapter pour masquer leur présence ou manipuler les cellules immunitaires afin de ne pas être attaquées. En culture, cette dynamique est absente, et les cellules cancéreuses peuvent ne pas être confrontées à ces interactions complexes.

3. L'angiogenèse : Pour se propager dans le corps, les tumeurs doivent former de nouveaux vaisseaux sanguins pour s'approvisionner en oxygène et en nutriments. Ce processus, appelé angiogenèse, est également facilité par le microenvironnement tumoral. Dans un environnement in vitro, ce phénomène est difficile à reproduire, ce qui limite la croissance et la dissémination des cellules cancéreuses.

4. Les signaux biochimiques et mécaniques : Les cellules cancéreuses sont sensibles à une multitude de signaux biochimiques (protéines, hormones, etc.) et mécaniques (pression, forces de friction, etc.) qu'elles reçoivent dans le corps humain. Ces signaux peuvent influencer leur comportement, leur capacité à migrer et à se diviser. Ces signaux sont difficiles à reproduire en laboratoire, ce qui explique pourquoi les cellules cancéreuses en culture ne développent pas leur potentiel pathologique de la même manière.

En somme, le principal facteur manquant in vitro est probablement la complexité de l'interaction entre la cellule cancéreuse et son environnement biologique, ce qui est fondamental pour son développement et sa dissémination. Le cancer ne se résume pas à une seule cellule malade, mais à un processus complexe impliquant une multitude d'interactions entre la cellule et son environnement.