Partie III : Du FN au RN.

Le FN est créé dans les années 1970 par Ordre et nouveau qui est à peu près pour simplifier l'équivalent de Jeune Garde aujourd'hui mais en nationaliste. Ordre Nouveau se tourne vers Jean Marie Le Pen, ancien vétéran de la guerre d'Indochine et d'Algérie pour créer un parti plus respectable et modéré et ainsi peser sur la scène politique.

Jean Marie Le Pen décrivait le mouvement comme une droite nationale, populaire et sociale. Sauf qu'à l'époque la gauche avait une base solide, le programme commun, etc.... Du côté des ouvriers, le FN n'arrivait même pas à détrôner l'UDR, parti de droite d'orientation gaulliste, ancêtre des Républicains, LR. Aux législatives il fait plus de 1% à peine. Du coup, il y a une scission entre Ordre Nouveau et le parti ce qui n'est pas pour déplaire à Jean Marie Le Pen d'autant plus qu'il garde donc la tête du parti. Aux élections européennes de 1984, le FN fait son premier beau score avec quasiment 11% des voix. Le parti avait réussit à séduire des industriels, des professions libérales, des catholiques pratiquants. Soit comme dans les couches les plus aisées et instruites de la population. Mais en 1986 c'est aux travailleurs que le discours du FN va s'adresser. contre l'immigration, la Bureaucratie, l'insécurité, l'inquisition fiscale et le chômage. A l'époque le chômage était élevé et les travailleurs immigrés étaient vus comme une concurrence par pas mal de travailleurs français. Jean Marie Le Pen fait 9,6% des voix aux législatives de 1986. Cela permet au FN d'avoir 35 députés au parlement français. Bon ça c'était aussi grâce à l'instauration du scrutin proportionnel donc départemental à 1 seul tour. Cela avait été mis en place par Mitterrand pour diviser les voix de droite au sein de l'Assemblée alors que la gauche était donnée grande perdante en cas de second tour. La logique voudrait que le FN s'allie avec des partis de droite. Mais la déclaration de Jean Marie Le Pen sur le point de détail le 13 septembre 1987 rend le FN infréquentable par la droite traditionnelle. Cela n'empêche pas Le Pen de faire un score qui est plutôt pas mal aux élections présidentielles de 1988 avec plus de 14% des voix.
Surtout il y a eu la surprise de 2002 où Le Pen avait infligé un camouflet phénoménal à Jospin, candidat du PS à l'époque. Le très faible résultat de Le Pen chez les cadres et indépendants n'est pas anecdotique. Ce qui regroupe les électeurs ce sont les valeurs du travail, de la justice et du nationalisme. Sans oublier la lutte contre l'insécurité avec 92% d'entre eux voulant le rétablissement de la peine de mort et 75% éprouvant eux même dans leur vie quotidienne un sentiment d'insécurité. Cet électorat était aussi critique à l'égard de la mondialisation économique, ouvriers, agriculteurs et artisans étant les premières victimes de cela. Donc le FN faisait ses meilleurs scores dans les milieux populaires car ils répondaient aux préoccupations de cette partie de la population. Puis en 2011 arrivent Marine Le Pen, sa fille. Elle sera secondée par Florian Philippot. Ils comptent bien attirer davantage cet électorat dans leur giron. Du libéralisme à la Reagan de Jean Marie Le Pen, ils passent au souverainisme étatique à la Philippot. A partir du moment le FN s'oriente vers les travailleurs, elle reprend la notion de peuple et fait du pouvoir d'achat et de la préférence nationale ses principales propositions de son programme de 2012. D'ailleurs les 2 tiers des mesures orientées à gauche, vers plus de redistribution, pour les salaires, la retraite à 60 ans, etc... En parallèle elle s'oppose aux réformes de retraite et de l'assurance chômage. Le FN était devenu le parti présentant le plus d'ouvriers et de salariés aux élections locales. Parallèlement, elle entrera dans la stratégie de dédiabolisation du parti. Le Pen père devenant trop encombrant, il se fait sortir du parti en 2015. On remplace la flamme par une fleur bleu marine. Aussi on peut dire que Zemmour l'a fait paraître plus modérée.

Le parti peut même élargir son socle électoral avec le déclassement de la classe moyenne. Ce vote est perçu désormais comme une demande populaire pour plus de protections et de mesures sociales. La gauche après avoir abandonnée la classe ouvrière, pleure désormais car cette dernière s'est détournée d'elle et se met même à faire du mépris de classe en disant que les moins diplômés votent FN, etc... comme si c'était un argument valable, sachant que les moins diplômés votaient auparavant pour eux. Et désormais la LFI est considérée comme plus dangereuse pour la démocratie que le RN selon des sondages. Il y a une demande de protection de la part de ceux qui sont victimes des flux non dérégulées du mondialisme que ce soit les flux économiques ou les flux migratoires. Ce qui est pitoyable, c'est que des millionnaires confortablement installés dans leurs bulles et coupés de la réalité que vivent leurs concitoyens, encouragent à voter pour des partis qui leur chient à la gueule depuis 40 ans. Est ce que cela veut dire que le RN répondra à toutes les attentes de façon satisfaisante?
Pas forcément.
Quoiqu'il en soit, le constat reste le même.
Tant que la gauche ne comprendra pas les raisons de son échec à attirer l'électorat ouvrier, et traitera de racistes ceux qui votent RN voire font du mépris de classe à leur égard, autant dire que le RN continuera d'augmenter. Et ils continueront soit à ne pas comprendre soit à faire semblant de ne rien comprendre.