C'était un soir d'été, un de ces soirs où le soleil, traînant au-delà de l'horizon, déclinait doucement en laissant place à une pénombre apaisante. Célestin, se connecta au chat vidéo, s'attendant à retrouver un visage familier. Célestin, un homme dont l'apparence avait souvent suscité des regards de pitié ou d'indifférence, était loin de l'image que les miroirs renvoyaient habituellement aux autres. Pourtant, au-delà de ce visage que certains qualifieraient de disgracieux, se cachait une âme aussi profonde qu'un océan de sagesse et d'humilité. Il était à la fois conscient de son physique et indifférent à celui-ci, ayant appris à puiser dans son être intérieur une force et une résilience que peu possédaient.

De l'autre côté de l'écran, AD Laurent, attendait avec assurance. AD, un homme d'une beauté indéniable, au charisme qui envoûtait quiconque croisait son chemin, n'était pas préparé à la rencontre qui allait suivre.

Le chat s'ouvrit, et les deux hommes se firent face pour la première fois. Le contraste entre eux était saisissant, presque déstabilisant, mais l'instant de surprise se dissipa rapidement dans la lumière chaleureuse de leur échange.

« Bonsoir monsieur ! » lança AD, d'un ton cordial.

Célestin, sans se laisser impressionner, répondit avec un sourire léger : « Salut AD, ça va ? »

L'ambiance se fit aussitôt détendue, amicale, comme si deux vieux amis se retrouvaient après une longue séparation.

« Comment vas-tu mec ? » continua AD, cherchant à briser les dernières barrières de la distance virtuelle.

Célestin, un brin amusé par la simplicité de son interlocuteur, rétorqua avec une franchise désarmante : « Ouais tranquille et toi ? »

AD, tout en élégance, laissa échapper un « Wooowww ! » plein d'enthousiasme, comme s'il redécouvrait le plaisir d'une conversation sans artifice.

« Ça date hein ? » poursuivit Célestin, se laissant emporter par l'instant.

Mais ce fut AD, avec sa lucidité naturelle, qui ramena la discussion sur un ton plus terre-à-terre : « C'est quoi cette tête de ouf ? »

Célestin éclata de rire, un rire qui résonnait comme une musique légère dans la pièce. « Wesh, je suis fatigué frère, » confessa-t-il, sans détour.

Le dialogue continua, ponctué de sifflements, de rires et de confidences, chacun puisant dans la spontanéité de l'autre une énergie nouvelle. Célestin, bien que souvent relégué au second plan dans la société à cause de son apparence, se sentait ici l'égal d'AD, et même parfois son confident. AD, de son côté, appréciait la simplicité et la franchise de Célestin, des qualités rares dans son milieu où les faux-semblants étaient monnaie courante.

« Bon et toi, ça va ou quoi ? » s'enquit AD, comme pour ramener la conversation sur des sujets plus légers.

« Bah tranquille. T'es retourné chez ta daronne ? » demanda Célestin, avec une curiosité non feinte.

« Ouais, je suis chez la daronne là, au calme hein ! » répondit AD, l'ombre d'un sourire au coin des lèvres, savourant l'idée d'un repos bien mérité.

Célestin, toujours avide de voyages et de découvertes, changea alors de sujet : « Tranquille. Bon, c'était bien l'Italie ? »

Les yeux de AD s'illuminèrent alors qu'il repensait à son récent périple. « Ouais ouais, on a kiffé mon frère, on a kiffé. »

Célestin hocha la tête avec approbation, satisfait de savoir que son ami avait trouvé du plaisir dans l'aventure. « J'ai vu ça, j'ai vu ça, t'as bien kiffé, frère. »

Mais l'épuisement se faisait sentir des deux côtés, et bientôt, AD avoua, presque sur le ton de la confidence : « Moi aussi je suis K.O. de ouf là gros, je suis K.O. à mort ! »

Célestin hocha la tête avec une compréhension mutuelle. « Ouais c'est quoi les prochains projets là ? »

La discussion se poursuivit ainsi, de projets en souvenirs, d'amis communs en anecdotes de voyage, chacun apportant sa pierre à l'édifice d'une amitié naissante.

Il devint vite évident pour Célestin qu'AD n'était pas seulement l'homme que l'on jugeait au premier regard. Derrière cette apparence éblouissante se trouvait un esprit brillant, un compagnon de discussion inestimable. Quant à AD, il découvrait en Célestin une personne bien plus complexe et sincère que ce que son apparence pouvait laisser supposer.

Alors que la conversation touchait à sa fin, Célestin proposa, presque en plaisantant : « Hey, il faudrait que tu viennes toi en Normandie un de ces quatre, AD ! »

« Bah vas-y, je te dirai si je suis en Normandie, mon lou, on ira en boite, » répondit AD, l'œil pétillant.

« Obligé ! » conclut Célestin, avec une énergie nouvelle.

Et c'est ainsi que la rencontre improbable de ces deux hommes, si différents en apparence, se transforma en un moment de pure complicité, laissant entrevoir la promesse d'une amitié sincère et durable. Leur échange, bien que spontané et parsemé de rires, marqua le début d'une relation où l'apparence n'avait plus aucun poids, laissant place à la reconnaissance mutuelle des âmes.