Allez, le texte :

Mathieu s'efforçait de finir sa grille, mais il coinçait sur une des définitions qui n'avait aucun sens : "Grand ou petit, c'est votre meilleur ami", en quatre lettres et commençant par un S.
A quoi bon faire des mots croisés, qu'il oubliera dès que la grille sera terminée, si c'est pour se creuser la tête et s'énerver ? Il voulait oublier sa journée avant tout, une horrible journée dont quatre heures passées dans des métros et bus bondés, le tout en supportant l'odeur de ses confrères esclaves du salariat, mais si c'était pour stresser encore plus que d'habitude, il s'en passerait bien.

La sonnette retentit, lui vrillant les oreilles et le sortant de sa rêverie. Mathieu se demandait qui pouvait sonner à cette heure. Il pensa un bref moment à sa mère, qui habitait à une rue d'ici, mais il pleuvait beaucoup trop, et elle était plutôt mal fichue ces derniers jours, elle ne pouvait même pas se lever.

Mathieu s'approchait de la porte, lentement, en évitant de faire du bruit. Le souvenir de son agression dans un couloir du métro était encore trop vivace dans son esprit. Il écarta lentement le judas, et s'étrangla de surprise.

Sa jolie voisine, dans un joli pyjama rose en soie, se tenait devant sa porte, portant une boîte ficelée avec un ruban violet.

- Mathieu, c'est votre voisine Lucie, vous pouvez ouvrir la porte s'il vous plait ? J'ai quelque chose pour vous

Encore sous le choc, Mathieu n'arrivait pas à comprendre la situation. Il avait souvent fantasmé de scénarios de ce genre avec cette même Lucie, lorsqu'il était seul dans son lit, la main rageuse enserrant son membre raidi, mais voir un fantasme devenir réalité le terrifiait. Sans savoir pourquoi, la délicieuse voix de sa voisine faisait trembler ses jambes frêles, mues par un mélange de franche surprise et de frayeur.

Il réfléchit rapidement, il fallait qu'il se ressaisisse. C'était la première fois, d'après ses souvenirs rassemblées à la hâte ces dernières secondes, qu'une aussi belle femme souhaitait le voir.