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Dans les années 1980, le Japon semblait en bonne voie de dépasser les États-Unis en termes de puissance économique. Mais plusieurs facteurs ont empêché ce scénario de se réaliser, menant à ce que l'on appelle souvent la "décennie perdue" du Japon dans les années 1990. Voici les raisons principales :

1. L'éclatement de la bulle spéculative
Dans les années 1980, le Japon a connu une bulle financière et immobilière énorme. Les prix des actifs, notamment l'immobilier et les actions, ont grimpé à des niveaux irréalistes. Les banques japonaises accordaient des prêts massifs avec peu de contrôle, alimentant cette bulle. Cependant, en 1990, cette bulle a éclaté, entraînant une chute brutale des valeurs immobilières et des actions, ce qui a plongé l'économie japonaise dans une récession prolongée.

2. La gestion des créances douteuses
Après l'éclatement de la bulle, de nombreuses banques japonaises se sont retrouvées avec des créances douteuses (ou "non-performing loans"). Plutôt que de les éliminer rapidement comme l'ont fait les États-Unis lors de la crise des Savings & Loans, le Japon a hésité et tenté de sauver ses institutions financières sans réformes drastiques. Cela a conduit à une stagnation prolongée dans le secteur bancaire, limitant la capacité du pays à relancer son économie.

3. La politique de change avec le yen
Le Plaza Accord de 1985, signé par les grandes puissances économiques, avait pour but de rééquilibrer les balances commerciales en provoquant une appréciation du yen. Cette hausse du yen a rendu les exportations japonaises plus chères et moins compétitives à l'international, impactant fortement l'économie, qui était largement dépendante des exportations.

4. La politique monétaire et la déflation
La Banque du Japon a pris des mesures monétaires qui n'ont pas su juguler la déflation qui a suivi l'éclatement de la bulle. La déflation a réduit les profits des entreprises et entraîné une spirale déflationniste, avec une baisse de la consommation et des investissements, aggravant ainsi la stagnation économique.

5. Des rigidités structurelles dans l'économie japonaise
Le Japon avait une économie organisée de manière très rigide, avec des structures de gouvernance d'entreprises fortement hiérarchiques et une main-d'œuvre peu flexible. Cette rigidité a limité la capacité de l'économie à s'adapter rapidement aux changements mondiaux, comme l'avènement des nouvelles technologies et l'accélération de la mondialisation.

6. La montée des "tigres asiatiques" et la concurrence mondiale
Pendant que le Japon faisait face à sa crise, d'autres économies asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, etc.) ont émergé, prenant des parts de marché dans des secteurs où le Japon était historiquement fort, comme l'électronique et la manufacture. Cela a diminué la compétitivité japonaise sur la scène internationale.

7. Le vieillissement de la population
Le Japon a également dû faire face au vieillissement de sa population, un facteur démographique qui a rendu la croissance économique plus difficile, entraînant une hausse des dépenses sociales et une baisse de la main-d'œuvre active.

En résumé, une combinaison de crise financière, de mauvaise gestion de la dette, de politique monétaire inadéquate, de rigidités structurelles, et de pressions démographiques a freiné le Japon dans sa trajectoire de croissance rapide. Ces facteurs ont empêché l'économie japonaise de poursuivre son ascension et de dépasser les États-Unis.