« Le Dossier Maldoror » : enquête paranoïaque

Le Belge Fabrice Du Welz construit une œuvre excessive habitée aussi bien par l'influence du cinéma de genre que par un certain surmoi d'auteur. Son dernier long-métrage revisite l'affaire Dutroux, trente ans après les faits, sous la forme de l'enquête paranoïaque, se prévalant des faits réels tout en se réservant le droit à l'uchronie. Après la disparition de deux petites filles, Paul Chartier (Anthony Bajon), jeune gendarme de Charleroi, est impliqué dans l'opération « Maldoror », dispositif de surveillance du principal suspect (Sergi Lopez), un délinquant endurci, dont la maison accueille un obscur trafic. Subissant pesanteurs administratives et rivalité des services de police, Paul se jette dans l'enquête à corps perdu, au risque de mettre sa famille en péril. En choisissant le point de vue de la gendarmerie qui, dans la véritable affaire Dutroux, a connu de graves dysfonctionnements, Du Welz reconduit l'archétype du flic seul contre tous se heurtant à une hiérarchie aveugle. Dutroux, rebaptisé « Marcel Dedieu », signe l'ambition métaphysique d'un film qui, entendant approcher le mal absolu, cède volontiers à la grandiloquence. Les écarts fictionnels servent surtout la thèse complotiste - celle du réseau pédocriminel impliquant des élites - par où l'ensemble s'embourbe, entre saillies crapoteuses et pénible horizon d'autojustice.

Film belge et français de Fabrice Du Welz. Avec Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi (2 h 35).