Nous vivons une époque de polarisation. La confiance entre les factions politiques de l'Occident est peut-être en train d'atteindre son niveau le plus bas.
Même les hommes politiques les plus en vue dans les systèmes démocratiques électoraux ont tendance à décrire la situation comme une lutte existentielle entre des visions de l'avenir fondamentalement incompatibles, qui traversent chaque société de l'intérieur. Cette lutte ne se limite manifestement pas au pouvoir gouvernemental en tant que tel. Même les interactions les plus banales sont devenues politisées, et les moindres détails du comportement, du discours, etc. sont traités comme des shibboleths pour tester la loyauté sur le champ de bataille des guerres culturelles, quel que soit le contexte culturel de chacun. Il semble que la seule chose sur laquelle presque tout le monde soit d'accord est le désir désespéré d'un changement radical du statu quo. C'est ce statu quo qui est à l'origine de ces demandes de changement radicalement contradictoires ; elles sont les symptômes du paradigme qui les a engendrées, un paradigme où l'on a le droit d'exprimer sa voix politiquement dans le seul but d'exiger une gratification immédiate conforme à ses pulsions les plus antisociales. C'est le nihilisme intéressé de la démocratie bourgeoise.