On critique souvent les classes dominantes pour leur mépris à peine dissimulé envers les classes moyennes et populaires, mais on parle pas assez du cas inverse.

J'ai vécu ça il y a quelques années. Tout fraîchement admis dans une école supérieure réputée élitiste, j'ai eu la malchance de faire un stage d'été dans une petite structure associative au fin fond du trou du cul de l'Alsace. Autant vous dire que là-bas, j'ai pas rencontré beaucoup d'énarques - j'ai d'ailleurs cru comprendre que les heureux bacheliers jouissaient d'une certaine notoriété locale

J'ai d'abord eu droit à des réflexions... intéressantes de la part des collègues, de la stéréotype "toi qui étudies à ..., parle-nous un peu de <tel sujet académique très ennuyeux sur lequel je ne sais rien>" comme de l'hostile "moi j'aime pô ces gens-là. C'est tous des pourris !" (oui, il me l'a dit cash comme ça le boug)

Puis, on m'a demandé de faire la vaisselle, du matin au soir, tous les jours, pendant 1 mois, sans rémunération ni une quelconque forme de reconnaissance (peut-être aurais-je du leur rappeler que je n'étais pas étudiant en plongerie avant de sauter à pied joint dans leur piège ?).

Les autres salariés et bénévoles m'ignoraient pour certains, parlaient mal dans mon dos assez peu discrètement pour d'autres. On se méfiait de la bête curieuse des métropoles, on se demandait ce qu'elle venait trafiquer dans cette bâtisse oubliée de la périphérie. On s'inquiétait aussi du terrible vaccin et du diabolique inquisi...euh inspecteur du Travail, en ces temps sombres de pandémie...

Le stage fut néanmoins agrémenté de quelques discussions enjaillantes avec les collègues sur les dernières trends tiktok ou sur les récentes mesures stupides de nos décerébrés d'élus. N'oublions pas non plus les rencontres enrichissantes que j'ai pu faire avec les jeunes chances pour la France des cités avoisinantes qui connaissent à 7 ans plus d'insultes en arabe que de mots en Français

Mais le vice a été poussé par la cheffe jusqu'à me convoquer pour me rabaisser devant ses collègues, parce que je ne "brossais pas assez fort les assiettes" et que j'osais demander des jours de congé (auxquels j'avais droit en vertu des dispositions de ma convention de stage).

J'ai depuis réalisé des stages dans des grandes structures fiables et reconnues, au milieu de gens en cravate diplômés et bien éduqués. Oh, surprise, tout s'est bien mieux passé !

Alors pour conclure, oui, le mépris de classe existe, mais dans les 2 sens. Méfiez-vous car le plus dangereux n'est pas forcément celui que vous croyez !

Étant donné que ça fait depuis la nuit des temps que des millions d'hommes meurent au combat pour que des merdeux au pouvoir se sentent bien dans leur peau oui le mépris de classe dans ce sens-là est justifié.

Laisse-moi deviner... communiste ?

Et c'est ça qui me parle de mépris de classe ?