Le Monde : « Comment l’extrême droite s’est approprié la culture mème »
FoutreAuCul
il y a 3 mois
Je ne vois pas la source + lien risibank des stickers sur l'article, ils auraient pu faire un effort
shizan
il y a 3 mois
left cant meme
Chrysaor001
il y a 3 mois
cilifachos
Chrysaor001
il y a 3 mois
un canular que j'ai adoré c'est quand (4 chan je crois ?) a réussi a faire considérer aux gens que la phrase "it's ok to be white" etait une phrase d'extreme droite et facho
MartialBild
il y a 3 mois
"Dans une moindre proportion que 4chan, à qui on l'a beaucoup comparé, le forum 18-25 du site Jeuxvidéo.com a aussi vu pulluler, sous ses nombreux mèmes, des discours racistes, misogynes et néonazis, avant de muscler sa modération en 2015, puis en 2017".
Pseudo18753
il y a 3 mois
"Dans une moindre proportion que 4chan, à qui on l'a beaucoup comparé, le forum 18-25 du site Jeuxvidéo.com a aussi vu pulluler, sous ses nombreux mèmes, des discours racistes, misogynes et néonazis, avant de muscler sa modération en 2015, puis en 2017".
On peut plus rien dire ici. Tout les mec problématiques sont parti sur onche.
MartialBild
il y a 3 mois
"Ce langage autoréférencé propre aux mèmes est idéal pour échapper à la censure. En témoigne la pratique du dog whistle (« sifflet à chiens »), une technique qui consiste à « maquiller » des termes racistes avec un autre vocable. Sur les espaces francophones, par exemple, ont émergé, autour de 2020, les termes de « dragons célestes ». Une référence en apparence anodine à des personnages du manga One Piece membres d'une caste surpuissante mais qui, sur le Net, ont été détournés pour désigner les personnes juives.
De même, le mot « arbres » est fréquemment utilisé pour remplacer le mot « arabes ». A cela s'ajoute le vernis humoristique des mèmes, qui permet à ceux qui les diffusent de se dédouaner : le responsable du site néonazi américain The Daily Stormer, Andrew Anglin, décrivait ainsi son site comme « du nazisme non ironique déguisé en nazisme ironique ».
Cet aspect plaisantin du mème, combiné à sa viralité et à sa répétition, aide à rendre admissibles des idées odieuses et les personnages qui les portent. Comme Donald Trump, Eric Zemmour a ainsi pu surfer sur la popularité de certaines tendances humoristiques - notamment la popularité de sa formule « ben voyons », devenue un mème - pour s'ériger en figure familière d'Internet, malgré des résultats électoraux limités. « On cherche à gagner la bataille des idées avant la bataille des urnes », résume Maxime Dafaure. Une stratégie théorisée par l'extrême droite française dès les années 1980, et pour laquelle Internet s'est révélé être un instrument puissant".
MartialBild
il y a 3 mois
"Parmi les personnalités politiques, Florian Philippot, alors au Front national, faisait, en 2017, un appel du pied aux membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, en s'affichant avec une tasse ornée du mème El Risitas, populaire sur ledit forum".
Marmeladova
il y a 3 mois
Le créateur de Pepe la grenouille était dégouté quand il a appris que l'extrême droite américaine s'appropriait son dessin.
Storehouse
il y a 3 mois
L'humour est le début de l'intelligence
plagedecable
il y a 3 mois
Le journalisme en 2024….
Pattatarte62
il y a 3 mois
"Parmi les personnalités politiques, Florian Philippot, alors au Front national, faisait, en 2017, un appel du pied aux membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, en s'affichant avec une tasse ornée du mème El Risitas, populaire sur ledit forum".
le bruit des bottes
PNJ_7537
il y a 3 mois
left cant meme
Source: left
RDVEnEnfer15
il y a 3 mois
La vrai question c'est pourquoi les gauchos n'ont pas leur meme ? Manque d'imagination ?
claime
il y a 3 mois
Ils sont ridicules, maintenant un sticker une image c'est d'extrême droite ?
Austradi
il y a 3 mois
Meritax les gauchistes
BanInjustifie41
il y a 3 mois
Le créateur de Pepe la grenouille était dégouté quand il a appris que l'extrême droite américaine s'appropriait son dessin.
Tout le monde à le droit de s'approprier ça
Triomphe15
il y a 3 mois
En France comme aux Etats-Unis, les mèmes, humour propre à la culture Web, se sont mués, au fil des ans, en pilier stratégique de la communication de l'extrême droite en ligne. Parce qu'ils permettent de se reconnaître entre militants, mais aussi de distiller des messages sous couvert d'ironie.
Moins d'une semaine après sa victoire à l'élection présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump a nommé, mardi 12 novembre, son allié, le milliardaire Elon Musk, à la tête d'un département chargé de « démanteler la bureaucratie » : le Department of Government Efficiency, ou DOGE. L'acronyme est une référence directe à un mème bien connu sur Internet, représentant un chien shiba inu désorienté,et initialement symbole de monologues intérieurs absurdes, ainsi qu'à la cryptomonnaie à son image, le dogecoin, dont le propriétaire de X est un fervent promoteur.
Pour les partisans de Donald Trump, la référence aux mèmes est une vieille habitude. En 2016, la campagne du républicain surfait déjà sur cette culture du détournement et du remixage d'images humoristiques, au point qu'on attribuait à ces mèmes un rôle dans sa victoire inattendue face à Hillary Clinton. « Dès 2012, on parle d'une “meme election”. Il y a cette mythologie du mème qui ferait l'élection, même si cette influence est impossible à quantifier, explique Maxime Dafaure, doctorant au sein de l'université Gustave-Eiffel, à Paris, spécialiste de l'alt-right, cette frange de l'extrême droite américaine très active en ligne. La culture mème n'est pas politique en soi, mais on cherche à se l'approprier. »
L'équipe du candidat avait alors pu s'appuyer sur certains espaces numériques déjà acquis aux idées de l'alt-right, se servant, pour propager ses idées, de la culture du troll, qui joue sur l'impertinence et la polémique. A partir de 2011, des anciens du site néonazi Stormfront, par exemple, ont élu domicile sur 4chan, et notamment sa section « politiquement incorrect » (/pol/). Connu pour son absence de modération et ses campagnes de cyberharcèlement, le forum a produit, à l'instar du détournement de Pepe the Frog, de nombreux mèmes favorables à Donald Trump autour de 2016. Les meilleurs étaient ensuite repostés par des partisans sur le sous-forum Reddit The_Donald, consacré au milliardaire, puis diffusés sur des réseaux grand public, comme Twitter ou Facebook.
Lire aussi | Pepe the Frog, un mème coopté par les suprémacistes aux Etats-Unis
En 2017, des utilisateurs américains de 4chan s'étaient même donné pour mission de promouvoir en ligne la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Le phénomène est pourtant lui-même présent en France, avec l'investissement des réseaux par les personnalités d'extrême droite et antisémites, à commencer par le polémiste Dieudonné et l'essayiste Alain Soral. Dans une moindre proportion que 4chan, à qui on l'a beaucoup comparé, le forum 18-25 du site Jeuxvidéo.com a aussi vu pulluler, sous ses nombreux mèmes, des discours racistes, misogynes et néonazis, avant de muscler sa modération en 2015, puis en 2017.
L'humour mème, une arme idéologique
Pour les militants d'extrême droite, cet humour venu du Net qu'il soit sous forme de texte, d'image ou de vidéo, remplit des fonctions essentielles, rappellent Jérôme Ferret, sociologue, et Mario Laurent, chercheur en sciences du langage, dont les travaux sont financés par l'Institut de cybersécurité d'Occitanie. Il est un moyen de « séduire » de nouveaux membres et de « souder un groupe », de « dissimuler la violence des discours » et, enfin, de « normaliser ces idées en renforçant des stéréotypes » déjà ancrés culturellement.
L'humour permet ainsi de bâtir une communauté en ligne, avec des références partagées et la sensation d'un « langage d'initiés ». Poster et commenter, c'est obtenir de la validation de ses pairs. Ainsi, les forums utilisent souvent la figure du « chad », un homme blond, musclé, représenté comme viril, pour fustiger les « hommes soja », les « wokistes » et, outre-Atlantique, les « libtards », combinaison de liberals (« libéraux ») et retards (« attardés »).
Loin de facéties triviales, ce langage a contribué à la radicalisation des auteurs d'attentats d'extrême droite, dont celui de mars 2019 à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Il incitait, dans son manifeste partagé en ligne, à propager les mèmes, qui « ont fait plus pour le mouvement ethnonationaliste que n'importe quel manifeste ».
Un mème partagé sur le compte d'un militant Reconquête !, en juillet 2022. Le personnage blond à droite, dénommé « chad », est une figure qui sert à valoriser les propos de l'auteur du mème.
Ce langage autoréférencé propre aux mèmes est idéal pour échapper à la censure. En témoigne la pratique du dog whistle (« sifflet à chiens »), une technique qui consiste à « maquiller » des termes racistes avec un autre vocable. Sur les espaces francophones, par exemple, ont émergé, autour de 2020, les termes de « dragons célestes ». Une référence en apparence anodine à des personnages du manga One Piece membres d'une caste surpuissante mais qui, sur le Net, ont été détournés pour désigner les personnes juives.
De même, le mot « arbres » est fréquemment utilisé pour remplacer le mot « arabes ». A cela s'ajoute le vernis humoristique des mèmes, qui permet à ceux qui les diffusent de se dédouaner : le responsable du site néonazi américain The Daily Stormer, Andrew Anglin, décrivait ainsi son site comme « du nazisme non ironique déguisé en nazisme ironique ».
Cet aspect plaisantin du mème, combiné à sa viralité et à sa répétition, aide à rendre admissibles des idées odieuses et les personnages qui les portent. Comme Donald Trump, Eric Zemmour a ainsi pu surfer sur la popularité de certaines tendances humoristiques, notamment la popularité de sa formule « ben voyons », devenue un mème pour s'ériger en figure familière d'Internet, malgré des résultats électoraux limités. « On cherche à gagner la bataille des idées avant la bataille des urnes », résume Maxime Dafaure. Une stratégie théorisée par l'extrême droite française dès les années 1980, et pour laquelle Internet s'est révélé être un instrument puissant.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Comment les idées d'extrême droite se sont banalisées dans le monde intellectuel français
Une stratégie explicite
De nombreuses figures d'extrême droite assument publiquement cette utilisation idéologique des mèmes. Le militant néonazi et pro-Trump Nick Fuentes, qui s'est fait récemment connaître pour sa saillie virale « Your body, my choice » (« ton corps, mon choix »), détournement du slogan féministe « My body, my choice » (« mon corps, mon choix »), conseillait ainsi cette stratégie en 2020, dans son émission de stream « America First » : « Lorsqu'il s'agit d'un sujet comme le négationnisme, à propos duquel on ne peut pas s'écarter du consensus populaire, (…) vous avez besoin de la marge de manœuvre que permet l'ironie. »
Les influenceurs français d'extrême droite ne sont pas en reste. Le youtubeur Baptiste Marchais expliquait, en 2021, qu'il fallait « être fin » : « Si vous attaquez de front, non seulement vous vous exposez à la censure, mais en plus il y a des gens qui vont être imperméables à ce contenu trop frontal, trop politique… ». Parmi les personnalités politiques, Florian Philippot, alors au Front national, faisait, en 2017, un appel du pied aux membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, en s'affichant avec une tasse ornée du mème El Risitas, populaire sur ledit forum.
Florian Philippot, sur sa chaine YouTube, utilisait une « Risitasse » avec un sticker du mème de l'humoriste El Risitas, devenu un emblème du forum Blabla 18-25 de Jeuxvideo.com. LE MONDE
Symbole d'une contre-culture née sur le Net, langage à l'origine plutôt décentralisé et « spontané », la pratique du mème est entrée dans le monde politique grâce à des passeurs, déjà familiers de cet humour 2.0. Pour sa campagne présidentielle numérique de 2022, Eric Zemmour s'est ainsi offert les services de Samuel Lafont, rompu aux usages de la « fachosphère ». Une culture du Web que partagent les militants et les responsables locaux de Reconquête !, explique Stéphanie Wojcik, chercheuse à l'université Paris-Est Créteil. Ceux-ci partagent régulièrement des images de mèmes dans des forums ou sur leurs comptes Instagram, au milieu de photos de tractages ou de faits divers.
Aux Etats-Unis, c'est surtout Steve Bannon, suprémaciste blanc, ancien responsable du site Breitbart News et connaisseur de la culture Web, qui a converti en 2016 la campagne Donald Trump aux mèmes. Sous son influence, l'équipe de campagne s'est mise à surveiller le forum Reddit The_Donald afin de récupérer les mèmes viraux liés au candidat, voire de donner des idées aux utilisateurs les plus actifs. Proche de Steve Bannon, Milo Yiannopoulos a, lui aussi, joué un rôle en faisant le lien entre les partisans misogynes du « Gamergate » et de l'alt right, dans les mois précédant l'élection de 2016.
Aujourd'hui, ces passeurs se trouvent au centre du jeu. Les influenceurs d'extrême droite français n'ont jamais été aussi nombreux et Donald Trump s'affiche avec les podcasteurs de l'alt-right. Les mèmes d'extrême droite se diffusent dans un écosystème qui s'est encore étoffé depuis 2016, incluant les réseaux sociaux d'extrême droite Gab, Truth Social, Gettr et Parler. Sans oublier X (ex-Twitter). Car le militant d'extrême droite le plus visible au monde, Elon Musk, est désormais propriétaire d'un réseau social entier, sur lequel il diffuse quotidiennement à ses plus de 200 millions d'abonnés des mèmes toujours plus engagés.
Triomphe15
il y a 3 mois
L'article complet cadeau
RaseurDeMur6
il y a 3 mois
En France comme aux Etats-Unis, les mèmes, humour propre à la culture Web, se sont mués, au fil des ans, en pilier stratégique de la communication de l'extrême droite en ligne. Parce qu'ils permettent de se reconnaître entre militants, mais aussi de distiller des messages sous couvert d'ironie.Moins d'une semaine après sa victoire à l'élection présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump a nommé, mardi 12 novembre, son allié, le milliardaire Elon Musk, à la tête d'un département chargé de « démanteler la bureaucratie » : le Department of Government Efficiency, ou DOGE. L'acronyme est une référence directe à un mème bien connu sur Internet, représentant un chien shiba inu désorienté,et initialement symbole de monologues intérieurs absurdes, ainsi qu'à la cryptomonnaie à son image, le dogecoin, dont le propriétaire de X est un fervent promoteur.
Pour les partisans de Donald Trump, la référence aux mèmes est une vieille habitude. En 2016, la campagne du républicain surfait déjà sur cette culture du détournement et du remixage d'images humoristiques, au point qu'on attribuait à ces mèmes un rôle dans sa victoire inattendue face à Hillary Clinton. « Dès 2012, on parle d'une “meme election”. Il y a cette mythologie du mème qui ferait l'élection, même si cette influence est impossible à quantifier, explique Maxime Dafaure, doctorant au sein de l'université Gustave-Eiffel, à Paris, spécialiste de l'alt-right, cette frange de l'extrême droite américaine très active en ligne. La culture mème n'est pas politique en soi, mais on cherche à se l'approprier. »
L'équipe du candidat avait alors pu s'appuyer sur certains espaces numériques déjà acquis aux idées de l'alt-right, se servant, pour propager ses idées, de la culture du troll, qui joue sur l'impertinence et la polémique. A partir de 2011, des anciens du site néonazi Stormfront, par exemple, ont élu domicile sur 4chan, et notamment sa section « politiquement incorrect » (/pol/). Connu pour son absence de modération et ses campagnes de cyberharcèlement, le forum a produit, à l'instar du détournement de Pepe the Frog, de nombreux mèmes favorables à Donald Trump autour de 2016. Les meilleurs étaient ensuite repostés par des partisans sur le sous-forum Reddit The_Donald, consacré au milliardaire, puis diffusés sur des réseaux grand public, comme Twitter ou Facebook.
Lire aussi | Pepe the Frog, un mème coopté par les suprémacistes aux Etats-Unis
En 2017, des utilisateurs américains de 4chan s'étaient même donné pour mission de promouvoir en ligne la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Le phénomène est pourtant lui-même présent en France, avec l'investissement des réseaux par les personnalités d'extrême droite et antisémites, à commencer par le polémiste Dieudonné et l'essayiste Alain Soral. Dans une moindre proportion que 4chan, à qui on l'a beaucoup comparé, le forum 18-25 du site Jeuxvidéo.com a aussi vu pulluler, sous ses nombreux mèmes, des discours racistes, misogynes et néonazis, avant de muscler sa modération en 2015, puis en 2017.
L'humour mème, une arme idéologique
Pour les militants d'extrême droite, cet humour venu du Net qu'il soit sous forme de texte, d'image ou de vidéo, remplit des fonctions essentielles, rappellent Jérôme Ferret, sociologue, et Mario Laurent, chercheur en sciences du langage, dont les travaux sont financés par l'Institut de cybersécurité d'Occitanie. Il est un moyen de « séduire » de nouveaux membres et de « souder un groupe », de « dissimuler la violence des discours » et, enfin, de « normaliser ces idées en renforçant des stéréotypes » déjà ancrés culturellement.L'humour permet ainsi de bâtir une communauté en ligne, avec des références partagées et la sensation d'un « langage d'initiés ». Poster et commenter, c'est obtenir de la validation de ses pairs. Ainsi, les forums utilisent souvent la figure du « chad », un homme blond, musclé, représenté comme viril, pour fustiger les « hommes soja », les « wokistes » et, outre-Atlantique, les « libtards », combinaison de liberals (« libéraux ») et retards (« attardés »).
Loin de facéties triviales, ce langage a contribué à la radicalisation des auteurs d'attentats d'extrême droite, dont celui de mars 2019 à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Il incitait, dans son manifeste partagé en ligne, à propager les mèmes, qui « ont fait plus pour le mouvement ethnonationaliste que n'importe quel manifeste ».
Un mème partagé sur le compte d'un militant Reconquête !, en juillet 2022. Le personnage blond à droite, dénommé « chad », est une figure qui sert à valoriser les propos de l'auteur du mème.
Ce langage autoréférencé propre aux mèmes est idéal pour échapper à la censure. En témoigne la pratique du dog whistle (« sifflet à chiens »), une technique qui consiste à « maquiller » des termes racistes avec un autre vocable. Sur les espaces francophones, par exemple, ont émergé, autour de 2020, les termes de « dragons célestes ». Une référence en apparence anodine à des personnages du manga One Piece membres d'une caste surpuissante mais qui, sur le Net, ont été détournés pour désigner les personnes juives.De même, le mot « arbres » est fréquemment utilisé pour remplacer le mot « arabes ». A cela s'ajoute le vernis humoristique des mèmes, qui permet à ceux qui les diffusent de se dédouaner : le responsable du site néonazi américain The Daily Stormer, Andrew Anglin, décrivait ainsi son site comme « du nazisme non ironique déguisé en nazisme ironique ».
Cet aspect plaisantin du mème, combiné à sa viralité et à sa répétition, aide à rendre admissibles des idées odieuses et les personnages qui les portent. Comme Donald Trump, Eric Zemmour a ainsi pu surfer sur la popularité de certaines tendances humoristiques, notamment la popularité de sa formule « ben voyons », devenue un mème pour s'ériger en figure familière d'Internet, malgré des résultats électoraux limités. « On cherche à gagner la bataille des idées avant la bataille des urnes », résume Maxime Dafaure. Une stratégie théorisée par l'extrême droite française dès les années 1980, et pour laquelle Internet s'est révélé être un instrument puissant.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Comment les idées d'extrême droite se sont banalisées dans le monde intellectuel français
Une stratégie explicite
De nombreuses figures d'extrême droite assument publiquement cette utilisation idéologique des mèmes. Le militant néonazi et pro-Trump Nick Fuentes, qui s'est fait récemment connaître pour sa saillie virale « Your body, my choice » (« ton corps, mon choix »), détournement du slogan féministe « My body, my choice » (« mon corps, mon choix »), conseillait ainsi cette stratégie en 2020, dans son émission de stream « America First » : « Lorsqu'il s'agit d'un sujet comme le négationnisme, à propos duquel on ne peut pas s'écarter du consensus populaire, (…) vous avez besoin de la marge de manœuvre que permet l'ironie. »Les influenceurs français d'extrême droite ne sont pas en reste. Le youtubeur Baptiste Marchais expliquait, en 2021, qu'il fallait « être fin » : « Si vous attaquez de front, non seulement vous vous exposez à la censure, mais en plus il y a des gens qui vont être imperméables à ce contenu trop frontal, trop politique… ». Parmi les personnalités politiques, Florian Philippot, alors au Front national, faisait, en 2017, un appel du pied aux membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, en s'affichant avec une tasse ornée du mème El Risitas, populaire sur ledit forum.
Florian Philippot, sur sa chaine YouTube, utilisait une « Risitasse » avec un sticker du mème de l'humoriste El Risitas, devenu un emblème du forum Blabla 18-25 de Jeuxvideo.com. LE MONDE
Symbole d'une contre-culture née sur le Net, langage à l'origine plutôt décentralisé et « spontané », la pratique du mème est entrée dans le monde politique grâce à des passeurs, déjà familiers de cet humour 2.0. Pour sa campagne présidentielle numérique de 2022, Eric Zemmour s'est ainsi offert les services de Samuel Lafont, rompu aux usages de la « fachosphère ». Une culture du Web que partagent les militants et les responsables locaux de Reconquête !, explique Stéphanie Wojcik, chercheuse à l'université Paris-Est Créteil. Ceux-ci partagent régulièrement des images de mèmes dans des forums ou sur leurs comptes Instagram, au milieu de photos de tractages ou de faits divers.Aux Etats-Unis, c'est surtout Steve Bannon, suprémaciste blanc, ancien responsable du site Breitbart News et connaisseur de la culture Web, qui a converti en 2016 la campagne Donald Trump aux mèmes. Sous son influence, l'équipe de campagne s'est mise à surveiller le forum Reddit The_Donald afin de récupérer les mèmes viraux liés au candidat, voire de donner des idées aux utilisateurs les plus actifs. Proche de Steve Bannon, Milo Yiannopoulos a, lui aussi, joué un rôle en faisant le lien entre les partisans misogynes du « Gamergate » et de l'alt right, dans les mois précédant l'élection de 2016.
Aujourd'hui, ces passeurs se trouvent au centre du jeu. Les influenceurs d'extrême droite français n'ont jamais été aussi nombreux et Donald Trump s'affiche avec les podcasteurs de l'alt-right. Les mèmes d'extrême droite se diffusent dans un écosystème qui s'est encore étoffé depuis 2016, incluant les réseaux sociaux d'extrême droite Gab, Truth Social, Gettr et Parler. Sans oublier X (ex-Twitter). Car le militant d'extrême droite le plus visible au monde, Elon Musk, est désormais propriétaire d'un réseau social entier, sur lequel il diffuse quotidiennement à ses plus de 200 millions d'abonnés des mèmes toujours plus engagés.
BissapFrais
il y a 3 mois
Vous nous pétez les couilles de façon royale avec votre extrême droite.
shinkiro117
il y a 3 mois
Si je comprend bien, le monde nous reproche de bosser et d'avoir l'esprit de caricature
LegomanX
il y a 3 mois